KOENJIHYAKKEI Angherr Shisspa cd Skin Graft records 2006
Ca faisait un petit moment que je me tâtais pour chroniquer « K-A », le dernier Magma… Mais quel intérêt de dire du mal d’un disque fait par un groupe qui mérite, lui, le plus grand respect ? Donc, je me suis résolu à me taire… Et voilà qu’apparaît dans le catalogue Skin Graft Koenjihyakkei (un nom n’est ni si difficile à prononcer ni si difficile à mémoriser que ça – plus impressionnant qu’autre chose en fait)… Et pour une fois qu’un Skin Graft n’intéresse pas Erwan, je ne pouvais pas laisser passer ma chance ! En plus un album composé par Yoshida Tatsuya des Ruins, et en l’hommage de nos Kobaïens nationaux. Bref tout pour m’exciter ! Bon, c’est vrai, on connaissait depuis longtemps la passion de Yoshida pour Magma (les Ruins reprenaient déjà un fragment De Futura dans un de leur medley)… Evidemment, présenter un disque comme un hommage à Magma (ou j’ai mal compris ?) est un peu risqué… Parce qu’un hommage n’est jamais loin de la caricature, l’humour en moins. Qu’en est-il ? Solos de basse au son saturé dans le plus pur esprit Jannick Top. Mesures tordues dans l’esprit Kobaien. Chœurs féminins au sein desquels on imaginerait parfaitement Stella Vander. Evidemment une batterie techniquement infaillible. Des cuivres qui partent (parfois) en impros free jazz. Pas mal de piano. Des synthés analogiques dans le plus pur esprit seventies. Des détours par une musique balinaise entremêlée de plans jazzy (le sixième titre est dans la lignée de « Soleil d’Ork », (Udu Vudu)). Oh… et j’allais oublier ! Un idiolecte lointainement franco germano asiatique qui tient surtout des yaourts les plus fermentés… Oui, il y a plus que la griffe Magma, tout est là pour le rappeler. Sauf que les mesures tordues ont en général une fonction autre que technique dans la musique de Magma (recherche d’un côté hypnotique), alors qu’ici ça sonne surtout démonstratif. Sauf que la batterie, toute technique (c’est peu dire) soit-elle, manque de nuances (je veux dire que c’est toujours une frappe assez épaisse, une dynamique très rock). Mais surtout, cet album me semble échouer au niveau de la dynamique d’ensemble (je n’en suis pas sûr, mais le mastering lui-même contribue peut-être à augmenter cette linéarité), de son architecture. A l’image du jeu du batteur. Un disque qui ne semble pas prendre le temps de respirer, ni prendre le temps de se faire simple. Et qui du coup n’est jamais envoûtant, ni ne prend une dimension épique ou décalée (le second degré de Magma n’était pas non plus étranger à son identité musicale – je pense par exemple aux plans discos ou aux vocalises douteuses…). Certes, certains morceaux se font plus lents, plus atmosphériques (« Vissqauell »), tandis que d’autres nous rappellent la grande culture musicale de Yoshida (l’intro du cinquième morceau n’est pas sans rappeler l’intérêt que porte le batteur à l’œuvre d’Olivier Messiaen). Si on en revient à l’objectif de départ, pris bout à bout, le mimétisme est très réussi. Zappez, et vous croirez entendre Magma, celui du premier album, d’Udu Vudu, d’Attahk (avec Klaus Blasquiz en guest, c’est parfois incroyable de réalisme, comme sur le dernier morceau) ... Mais écoutez le dans sa longueur et vous verrez qu’il se passe pas du tout les mêmes choses. Qu’il se passe trop peu de choses extramusicales. Que Koenjihyakkei n’a par exemple pas le sens de la répétition Un hommage qui est donc loin d’égaler les œuvres du maître (et un disque qu’il est impossible de ne pas juger à l’aune magmaienne, dois-je le répéter), mais auquel j’ai pourtant fini par m’attacher un petit peu et qui a eu l’avantage de me replonger dans la discographie de Magma. Trop démonstratif et trop chargé à mon goût, voilà le reproche majeur. Et puis si vous voulez lire quelques dithyrambes à son sujet, vous n’aurez pas trop de mal à en trouver… http://www.skingraftrecords.com
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