THRONES Day late, Dollar short Southern Lord records 2005
Joe Preston. Quelqu’un qu’on ne présente plus. On connaît le pedigree de Thrones. Les Melvins, Earth, Sunno))), Hight on fire, blah, blah, blah… Compilation ou album ? La réalité impose ce disque comme une compilation (les morceaux regroupés ici datent d’entre 1994 et 2001 ; et puis il y a pas mal de reprises). Mais je me sens libre d’en parler comme d’un album. D’en parler comme je l’écoute.Les deux premiers titres donnent le ton : ça commence sur la rencontre entre Godflesh et Today is the day. Ca embraye sur un riff à la Iron Maiden (au secours !) et… non ! Il a osé ! Un refrain à la Fugazi ! Et tout y est… On se croirait au milieu de Repeater ! A partir de là, on sait qu’on ne va pas savoir où Joe veut en venir avant qu’il y soit arrivé : il est le maître du délire. Et en fin de compte, on peut aborder cet album comme un hommage à tout ce qu’écoute Preston. De fait, beaucoup de passages semblent des clins d’œil. Mais ce qui est particulièrement drôle, ce sont les rencontres improbables qui ont lieu d’un morceau à l’autre (« tu vois, c’est la preuve que c’est une compil’ » me diront les plus perspicaces), voire au sein d’un même morceau (argument relevé par tous les tenants de la thèse de l’album). On peut aussi rencontrer un Scorn période Colossus (Valley of the Thrones), suivi de près par du Type O Negative à la Black Number One (drôle de rencontre d’ailleurs…). Ca va jusqu’à du Liszt, en pire – pardon, en plus kitsch (Epicus Doomicus…). Après, beaucoup de morceaux sont fortement marqués par l’empreinte Melvins, Melvins croisé avec du Godflesh (la boite à rythme sans doute…). Quel est le dénominateur commun à tous les morceaux ? Joe Preston. Donc un certain sens de la lourdeur (grattes, basse, tempos). Donc un certain sens de l’humour. Pas mal de synthés premier prix, des voix diverses, parfois comme filtrées dans un gamelan (débile, car les gamelans le sont souvent), d’autres fois vocodées à la Nono (petit robot et ami d’Ulysse), et souvent sous l’emprise de l’hélium. Bref un peu le genre de délires qu’on pourrait retrouver chez Aphex Twin. Je disais qu’il y avait ici des reprises : The Residents, Ultravox, Rush, Blue Oyster Cult, les Who… Ca en dit aussi long que ma chronique, non ? Day late, Dollar short est un vrai bric-à-brac. Aussi excitant à écouter qu’est excitante la visite d’un marché aux puces ou d’une brocante. Il y a toujours un côté maladroit, naïf, et qui en fait tout le charme. Les deux premiers titres donnent le ton, les reprises aussi. J’aurais pu dire la même chose de la pochette. Très belle, mais aussi très drôle. D’autant plus drôle qu’elle démystifie son géniteur, Stephen O’malley (avis aux black métallurgistes). http://www.southernlord.com/