MOON Dreaming of Monsters CNCCR Records 2005

MOON Dreaming of Monsters

Moon est un groupe sur lequel il est difficile de trouver des informations, et dont il est guère plus facile de trouver les disques. On ne peut les taxer d’aucune démarche commerciale : pas de promo, pas de vraie distribution… et ils revendiquent leur appartenance à la « French no Audience ». Mais on les voit tout de même apparaître de temps à autre sur des compilations (« Parametric Qfg : a compilation », « Robots and electronic brains ») et récemment ils se sont offert le luxe de bosser un titre avec les Telescopes. Première approche ? La pochette : assez moche, il faut bien le dire. Une sorte de tissu (dont la vocation initiale devait être industrielle) recouvre un livret minimaliste. Ça pourrait rappeler ce qu’a fait Staalplaat pour nombre de ses séries limitées, mais en vraiment moins bien. Donc un a priori assez négatif. Mais la musique est bien celle qu’on peut attendre d’un groupe qui s’appelle Moon : lunaire, et même martienne. Les deux premiers morceaux ont ce côté science-fiction de la série Cosmos 99, c’est-à-dire qu’ils sonnent comme « futuristes » (certes pas au sens qu’a donné à ce terme Marrinetti) avec un brin de nostalgie – ils sont le futur d’hier, car le voyage de Moon n’est pas seulement spatial. Nappes de synthés analogiques modulaires (ces sons d’instruments à vent que produisaient les premiers synthés, dans les années 70, et qui étaient si peu réalistes…). Bruits. Parfois rythmés, mais toujours de façon minimaliste. Une solitude que ne peuplent que quelques samples de films, particulièrement bien choisis et bien placés. Et si c’est un album qu’on pourrait qualifier d’ambient (étiquette qui ne veut pas dire grand chose), sa construction selon un principe de progression lui permet d’échapper à toute linéarité. Peu à peu les rythmes se précisent, et le dernier morceau joue même sur des guitares psychédéliques (méconnaissables). Les titres donnent un peu plus de force à cet univers si particulier, et accentue la mélancolie – omniprésente : « Dreamer », « 80 000 feet away », « Human nuisance », « Remember us in 1999 », etc… Moon nous fait voyager. Et peut-être plus encore dans les « lointains intérieurs » (pour reprendre le titre d’un recueil d’Henri Michaux) – au plus profond de notre intimité – que vers la Lune ou Mars. http://perso.wanadoo.fr/cnccr