L-ENFANCE ROUGE Trapani – Halq Al Waady T-Rec 2008

Cosmopolite dans l’esprit et la démarche, basé pour les besoins de l’enregistrement de cet album entre Lecce (Italie) et Tunis, L’Enfance Rouge est un groupe unique, à vif et tranchant, qui marie admirablement bien rudesse d’un rock noise et intonations orientales. Ceci en imposant des rythmes changeants, tout en ruptures, et un penchant affirmé pour la recherche, l’expérimentation. Libre et indomptable, ce groupe expérimenté (15 ans d’existence, plus de 1800 concerts, d’interminables périples humains et musicaux périples à travers le globe) passionne après avoir déroute En effet, si l’approche peut s’avérer âpre et difficile, il est vain de chercher à résister à ce disque dès lors qu’on en a saisi toute la matière. Lettré, à la fois physique et mental, cru et sans concession, il constitue l’une des découvertes impératives de cette année 2008, même si cette « trouvaille » semble tardive du fait de l’âge déjà « avancé » du groupe Chanté la plupart du chanté en Français, il sied parfaitement à l’utilisation d’une langue pourtant peu propice à l’usage dans un tel cadre musical. Et même les voix en Arabe (« Azizati ») convainquent sans coup férir. Ceci étant le cas même lorsque L’Enfance Rouge décide d’alléger son propos (« Petite-Mort »).On pense pour le côté littéraire, saccadé et basé sur les soubresauts rythmiques, aux grenoblois de Virago, cette impression se confirmant à l’écoute de ces guitares massives et mordantes. Mais L’Enfance Rouge pousse plus en avant ses errances, sa quête d’un son à l’opposé de tout parti-pris commercial ou commun. Ce faisant, il parvient à asseoir une identité forte et porteuse de bien belles choses, et à trouver une cohérence, une unité dans un ensemble pourtant, comme il a été dit, atypique et à la croisée des genres et des cultures En groupe intelligent et réfléchi, il allie un style libre et une attitude très cérébrale et on sent que les titres audibles ici, s’ils se veulent spontanés et radicaux, ont été mûrement pensés. Du coup, on se trouve devant un tout dont aucun titre ne peut réellement être mis en avant plus que les autres, ou plutôt dont chaque morceau s’avère accrocheur à l’extrême. Un disque qu’on écoute dan son intégralité, au contraire de ceux issus des « groupes à singles », et qu’on se garde égoïstement au chaud, persuadé à juste titre que l’on tient là un groupe sans réel équivalent, et un objet au son représentatif de multiples rencontres et échanges. Un disque précieux donc, qui ne s’offre qu’au bout de nombreuses écoutes et dévoile écoute après écoute toute sa substance On pense également à Heliogabale ou Kabu Ki Buddha, combos français animés par le même esprit, la même capacité à assembler des éléments musicaux disparates et les rendre complémentaires.Mais au final, et à l’image des formations citées plus haut, le rendu n’est du qu’à l’extrême talent de ces musiciens globe-trotters pétris de qualité Une grande réussite, bien sur, qui obligera l’auditeur novice à se procurer l’entière discographie de cette formation avant-gardiste. http://virb.com/enfancerouge http://www.t-rec.org