CHOOCHOOSHOESHOOT Playland (Kythibong / Rejuvenation / A Tant Rever Du Roi 2012)
La noise à l'ancienne a de beaux rejetons ici à Nantes. Derrière cette parure ligérienne, se cache un vieux breton des côtes du Nord, un vieux de la vieille qui a initié tous ses comparses à la musique qu'il aime depuis sa tendre adolescence : LA NOISE. Philippe a d'abord joué dans le 22 (Plancöet), avec ses potes bretons dans PIG IRON. Les études l'ont fait fuir loin pendant que les autres PIG IRON s'arrangeaient d'un Rennes encore rock (2 des PIG IRON montaient avec un DJUD les MOLLER PLESSET). De retour à Nantes avec les mains qui démangent, Philippe a enfourché sa Kramer, commencé à sortir des riffs, il a eu l'intelligence d'être patient, d'oublier son égo et de chercher à éduquer ses jeunes recrues encore vierges de toutes références... J'ai beaucoup aimé la première chanteuse, celle du premier album "choose your own romance", la tension qu'elle mettait en live, l'aura et la présence physique qu'elle avait, qui faisait débander rapidement le moindre mecton à la mode noisy du défunt "Fouloir" (fameux squat, invivable à l'annonce de sa destruction quand le tout (petit) Nantes a décidé de terminer ses soirées dans la cambrousse de Saint Herblain...). La noise qu'insuffle CCSS est un agrégat de cubes, de structures, aux arrêtes limées à la dissonance, aux contours saillants; ces cubes de couleurs différentes, sont interchangeables et sont placés de manière contiguë et ont souvent peu de vides entre eux. Le liant de toutes ces architectures procédurales à l'algorithme un tantinet compliqué, pour peu qu'on soit étranger à ce style de musique rock, se fait par la voix de cette nouvelle jeune recrue ("caroline"), chanteuse et prof d'anglais agrégée de son état. Car en 2008, "the first lady", Chrystelle, est parti seule vivre d'autres aventures avec son bébé. Je ne veux pas savoir la suite, mon imagination me joue des tours. Caroline est ici chargée d'insuffler un zeste de pommade sur l'univers tortueux des 6 couilles qui pendouillent encore par derrière. Je sais que le calcul est votre fort. La musique oscille entre le HELIOGABALE de "diving room", le MADE IN MEXICO de son gatefold, et d'un truc encore plus vieux et plus viandard, qui prendrait ses racines dans (le très à la mode) BIG'N et fleurirait en pleine hiver dans la syncope modulaire des DAZZLING KILLMEN (en mode "lite" n'exagéront rien...) chatouillé du pied par l'imposante virilité des italiens d'UZEDA / BELLINI... Ah ah.
Pour ne rien oublier, je ne vous parlerai pas du son de Miguel Constantino, qui encore une fois, met la noise dans son plus bel étendard.
Kythibong, Rejuvenation Records & Collectif A tant rêver du Roi.