Isabelle DUTHOIT / Anthony LAGUERRE iki (Serotonine records 2025)

Isabelle DUTHOIT et Anthony LAGUERRE se connaissent depuis des lustres (1). 

Isabelle DUTHOIT est vocaliste et son art se partage souvent dans le calme inquiétant des instruments capables de jouer avec la finesse de la voix. Clarinettiste de formation, très active, on la retrouve ces derniers temps dans divers projets, en trio  avec Yuko OSHIMA à la batterie et Soizic LEBRAT au violoncelle, en duo avec Erik M dans SUN DOG ou en disque cette année avec son duo avec le trompettiste Franz HAUTZINGER sorti chez Relative Pitch. 

Alchimiste, DUTHOIT est chanteuse protéiforme principalement intéressée par la chose expérimentale, jouant autant sur le claquement de langue que sur la vivacité de son coffre pulmonaire pour transformer le clapotis de l'eau de rivière en tempête caverneuse de haute montagne. 

Et elle crie. 

Et j'aime quand elle crie. 

Accompagné ici par le batteur Anthony LAGUERRE, la batterie fait que DUTHOIT devient tornade. Çà s'envole. Anthony LAGUERRE a créé son propre studio, le Shadyn Studio vers Nancy, il multiplie les collaborations avec des musiciens de caractère (NOETINGER etc...) et a évolué à la batterie dans différents groupes tels que les Club Cactus, FiliaMotsa, Piles ou Praag..

Le projet 'iki' est radical et très frontal. Je serais curieux d'entendre la voix de DUTHOIT au réveil les lendemains de concert. Toujours sur la brèche, inépuisable, grenouille satanique ou tsunami démoniaque, au croisement de beaucoup de styles, on entre ici dans une grotte sombre où les parois sèches dévoilent à la lumière des peintures rupestres évoquant des oiseaux préhistoriques, des tambours profonds, des ombres inquiétantes, des fleuves perdus sans destination où des bestioles flottent et agonisent dans de sinistres soubresauts auditifs.

Anthony LAGUERRE a ce jeu puissant qu'il aime développer dans des pièces hautes de plafond. Madame la batterie aime épouser l'espace et le batteur lui impulser de lourds coups de tonnerre. 

De la voix et des rythmes, des sons organiques sans fioriture, violents et exigeants, les quatre morceaux dévoilent un objet radical où la notion de puissance est primordiale. Une ballade dans les catacombes, une virée dans le gouffre du temps, un espace libre loin des codes de notre modernité, ce disque est à l'image des deux musiciens, unique et protéiforme.

 

A écouter de toute urgence.

 

(1) si j'en crois la date de cet enregistrement