Frederic LAGNAU - Denis CHOUILLET (LP Montagne Noire 2024)

L'excellent GMEA d'Albi sonne encore la liberté de créer et donne à de nombreux compositeurs et interprètes la possibilité d'être invité en résidence et parfois même d'être édités. C'est précieux en ces temps d'aventures culturelles en berne.
Ici, l'honneur est donné au compositeur contemporain Frédéric LAGNAU, pianiste, né à Evreux le 23 mai 1967, décédé à Paris le 30 avril 2010.
Grand amateur de pop et de musique au sens large, il cherchait l'inspiration dans toutes les musiques, de Chick COREA à BACH en passant par SUPERTRAMP ou COUPERIN.
Et pour le coup ce qui émerge de la performance de Denis CHOUILLET c'est une sorte de musique minimaliste à voir quelque part entre la mélodie sobre et mélancolique de Erik SATIE, la profondeur d'un BACH quand il touche le fond et le minimalisme d'un Steve REICH dans l'académisme mathématique à la trans élégiaque. J'ai même pu penser aux ténèbres de Julius EASTMAN dans ces ombres sombres à la profondeur parfois abyssale. La musique de LAGNAU est très abordable et rend une atmosphère généralement sereine, facile d'approche puis rapidement un grain de sable vient s'immiscer entre les touches du clavier. Des dissonances ou des secousses parsèment le disque entre des mélodies simples, des envolées lumineuses ou des gouffres profonds. On sent néanmoins LAGNAU inquiet voire presque torturé même s'il est totalement accessible à la discussion. Monsieur est repérable par son esprit malin et joueur. Rien que le nom de ce morceau quand même : 'Je me souviens de do dièse majeur dans un prélude de Jean-Sébastien Bach'. Tout un état d'esprit.