Pensé comme un oeuvre collective, l’album de Kraken Oxen fait se rencontrer sur 9 morceaux les anciens guitaristes et bassistes des défunts Weeping Minds of silence et un ensemble d’invités dont certains issus d’Enki, Duet, H2oil ou Ez3kiel. Là on l’on avait laissé WMOS se débattre avec ses dernières réminiscences hardcore, Kraken Oxen prend la virage d’une musique beaucoup plus profondément ancrée dans la droite ligne noisy, voir post rock.

Parfois – ça doit vous arriver aussi – j’ai envie d’un groupe qui botte le cul, un de ces groupes pas forcément très originaux, mais bien faits. C’est pour ça que j’ai acheté The Archaic Abattoir. Merde ! En fait c’est un tribute band à Carcass ! Non, le feeling est trop proche de celui des Carcass pour que ce soit juste un tribute band… Walker et sa bande sont de retour, mais sous un faux nom pour qu’Earache leur foute la paix ! La classe ! Eh oui… je me souviens que j’ai lu une interview de Jeff Walker dans laquelle il annonçait son retour !

Noise Research Program… le titre est sans doute ironique… En fait on est assez loin d’une compilation bruitiste ou d’une compilation conceptuelle intello (ce que pourrait laisser supposer un programme de recherche). Fiez-vous plutôt à la pochette (superbe). À-peu-près tous les styles sont représentés, de l’ambient (Ultra Milkmaids) au grindcore (Agathocles), en passant par le jazz décalé de Krakow, Bruzenak & Simmons ou la pop électro d’Eva Hertz & KenII.

Quand j’ai acheté ce disque, le type du magasin s’est cru obligé de me dire : « Ah ouais… c’est le groupe qui se prend pour Refused… ». Qu’il ne le vende pas, si c’est pour être déplaisant avec ceux qui l’achètent. Je n’ai jamais trouvé que les Blood Brothers ressemblaient à Refused. Et quitte à me faire lyncher (si on veut jouer aux comparaisons), je dirais même que les Blood Brothers sont meilleurs et plus intéressants que Refused. Moins sérieux aussi, avec un vrai esprit ado. Les colleurs d’étiquettes aiment bien dire que c’est de l’émo.

Avec un nom à ce point minimal - « O » -, à quoi s’attendre ? À un minimalisme façon Steve Reich & co, à un minimalisme à la Mille Plateaux ? Eh bien non. La musique de ce duo français est certes minimaliste, mais plutôt comme le sont les musiques primitives. Le graphisme tient à mon avis une place importante dans l’univers de « O » : sur la pochette, une sorte de germe végétal dessine le nom du groupe, un germe que l’on retrouve à toutes les pages, discret. Le livret nous réserve aussi un texte – un poème.