EARTH Hex : or printing in the infernal method Southern lord 2005
Tout le monde a dû le remarquer, l’instrumental a le vent en poupe depuis quelques temps. Trop de chanteurs se sont cassés les cordes vocales peut-être, ou alors le yaourt des paroliers paresseux a fini par être indigeste pour les paroliers paresseux ? Allez, je le reconnais, mon intro n’est pas terrible… Remarquez, je vous ai épargné l’hypothèse « Bernardo »… Car ce nouvel album de Earth (le cinquième) foisonne de références à l’univers du western (attention, pas western spaghetti, mais western sombre, cavalier solitaire, etc.) : les photos du livret (style photos fin XIX° s.), les titres (« Mirage », « Left in the desert », etc.), et évidemment tous les ingrédients musicaux susceptibles d’évoquer le désert nord américain sont là : guitare claire d’une brillance ce qu’il faut de crade, pédale de trémolo, slide guitar, harmonica (très discrète)… Il y a aussi une batterie, accessoirement pourrait-on dire, tant elle sait se faire oublier, ne marquant que les points forts. On est à la limite d’un album de guitares, mais qui n’est jamais démonstratif. Les mélodies (ou plutôt certaines suites harmoniques) sont souvent très conventionnelles, mais heureusement, les progressions sont cassées à temps, soit par une note qu’on n’attend plus, soit par des changements de mesure. Mais surtout, comme tous les albums extrêmement lents, cet album joue avec le timbre des instruments bien plus qu’avec les mélodies. Un superbe sustain qui manque souvent de dégénérer en larsen. Larsen qui agit comme un indicateur de tempo (un métronome boiteux) : à chaque fois que la note va partir en larsen, hop, on repart sur une nouvelle note. Et puis les deux musiciens de Earth ne sont pas hyper précis, il y a souvent de petites imperfections de jeu, ce que je considère plutôt comme une qualité, surtout à l’ère de Pro tools… Le mois denier je chroniquais un album des français de « O », un album à l’ambiance « désertique » (western en quelque sorte) ; leur album n’est finalement par très éloigné de cet album de Earth, en terme d’ambiance. On pourrait aussi penser à Labradford, sans son léger penchant electronica et expérimental. « Hex… » est un disque très lourd, « épique » comme il est écrit sur le sticker promotionnel. D’une lourdeur organique, je veux dire qu’on ressent de tout son corps, à chaque coup de grosse caisse. Sans doute pas d’une originalité redoutable, peut-être pas non plus assez cliché ou exotique à mon goût ni assez sombre ou glauque, mais ce disque est tout de même très rafraîchissant. http://www.thespew.org