Ventilators + And the Saga continues + Stes Catherines + Sub Humans Foufounes Électriques 15 dollars, 17 avril 2006

Cela faisait longtemps que j’avais pas mis les pieds aux Foufs. Vraiment ? Depuis presque 10 ans. Le dernier truc que j’avais été voir était Neurosis et Bloodlet. Les Foufs vues de Montréal, ce n’est plus ce que cela a dû être il y a une petite vingtaine d’années. M’enfin, le mythe fonctionne encore et les Foufs vivent leur vingtaine assez tranquillement. Presque trop sagement. Mais, à leur décharge, l’offre en concerts « undergrounds » a explosé ces dernières années un peu partout sur la ville. Le punk rock a difficilement fait sa place à Montréal. Et pourtant, les scènes punks de Montréal sont une des plus vivaces en Amérique du Nord. Comme on va le voir. Les Foufs, hier dans le red light, sont restées à la même place, sauf que le quartier a été complètement transformé. L’ancien red light et le bas de la rue St Laurent étaient un peu ce qu’était le quartier de la gare routière de New York ou le Pigalle d’il y a longtemps. Une de ses âmes populaires où les cassés et les fauchés allaient boire leur BS et y faire la java, dans un cul de sac de la ville. Aujourd’hui, si le coin est en entre-deux, les investissements immobiliers de l’UQÀM, université qui a eu le bon goût de devenir un des premiers propriétaires immobiliers du quartier, et les rêves de quartier des spectacles, les bars mal fâmés, les bar de danseuses nues, et autres coupes gorges à coups de bières et de défonces diverses, y disparaissent petit à petit, laissant place aux théâtres post-modernes, aux salles d’arts expérimentaux et multimédias, aux concepts urbains, aux pavillons universitaires, aux places désignées, aux concepts immobiliers pour bobos branchés investisseurs, sous coke, et fonds de placements ultra-spéculatifs, etc. Bref, il va plus finir que par rester juste les Foufs qui fera figure de dinosaure du XXe siècle. Bref, vivons aujourd’hui en attendant que les Foufs deviennent un complexe récréotouristique pour Yuppies et les habitués, des Indiens. Bref, ce soir, on n’est pas du dernier des Mohicans. Y a foule. On frise le sold-out. La queue est longue, très longue. Elle part des chiottes. Mais, une fois le mouvement lancé, on entre tous. On se tasse, aux bars, à droite, à gauche, au dessus et au dessous. La bière pas chère démarre à 2,5 dollars. C’est pas un Black Monday comme les autres, dixit Hugo des Stes 4. Sûr. Y a du monde en masse. Toutes les tribus punks sont là. Les vieux coureurs des bois, les jeunes Mohicans, tous les Apaches de la crête au rasé, du punk 77 aux hardcoreux métalleux. Tout le monde est là. En attendant la ressurection des Foufs, le temps d’un instant, le temps d’un soir, le temps d’un pogo. Le bill est bien bon. On commence par The Ventilators, groupe mtl-punk uk 82, pas trop à l’aise sur la grande scène des Foufs. Une double crête, une spiky, et des fucks off bien placés, tout droit sorti de la Loudhouse, c’est parti. Puis vient And the Saga continues, là encore ambiance bon enfant et monstre ultra core pour les Saga. On finit sur un doigté du chanteur : « and the saga continues » qui reste un des meilleurs groupes hc de Montréal. Aucune surprise : rapide, violent et court. La soirée passe un cap avec l’arrivée des Ste Catherines. On peut difficilement m’accuser de complaisance envers les Ste 4 et surtout Fat (le lien avec les Subhumans). Pour ceux qui se souviennent, on avait refusé en chœur de booker en 90 dans notre ville les NOFX en trouvant que c’était trop « vendu », ringard et pas très hardcore, préférant de loin les econochrist, spitboy du côté ricain….Alors du coin de l’ébullition et autres, toutes ces dérives d’ultra fric dans les scènes…on était bien à l’abri….et pas tranquille pépère. Mais sur ce coup là, on avait été tous d’accord. De l’autre côté de l’Atlantique, quinze ans après, on arrive à comprendre et à être indulgent (tu vieillis mon vieux) non sur le fond mais sur la forme. Un des rares labels et un des rares groupes ouvertement anti-Bush. Je les attendais pas là où de nombreux labels US sont bien restés muets et au pire aphone et autiste….Bizarre. Alors Fat et NOFX (avec l’intelligent War on Errorism) ont eu ce courage là où on les attendait pas. Sur les Stes 4, la prise de bec des FallOut Project, une certaine solidarité les mettait un peu dans le même panier. Et là encore, les groupes de référence (Jawbreaker, Jchurch, Down by Law, etc) m’ont toujours sacrément emmerdé, même sur scène…. J’ai jamais aimé le hardcore mélodique des Samian ou des Ultraman, et tant d’autres. Pour une simple raison ? Idiote et bête : HUSKER DU. Je reste un grand fan devant l’éternel des HUSKER DU qui pour moi ont tout fait en terme de hardcore mélodique, reprenant les vagues psychérock (byrds, seeds, etc) et autres des 60s, en les remoulant à l’énergie du punk rock, sans copier l’archétype punk londonien. Ce qui manquait à tous les jawbreaker, jchurch, samian, ultraman, down by law, etc…. Cette âme rock, ce sens du rythme, du groove, de l’énergie, de la rupture, des tripes….Bon alors c’est quoi le rapport avec le nouvel album des Sainte-Catherines (The Sainte-Catherines, Dancing for decadence, Fat Wreck Records, 2006) ? Husker Du (période new day rising) rencontre Inepsy avec une pointe Offenders (we must rebel), Agent 86, et pour les récentes : Holy Mountains ou Ass End Offend et même Rammer. La voix de Hugo est celle de tous les abus. Dans une entrevue avec BangBang, il disait qu’il était vraiment Dr Jekyll et Mr Hyde en ce qui concerne sa vie. Et cet album est transcendé par son humeur up and down, déprimée, vindicative et de temps en temps en colère. Un bon album (et une bonne vidéo) –transitoire pour les Ste 4- qui marque aussi un nouvel avenir du punk rock mélodique, là où l’on attendait plus. Enfin moi ! J’ai pas pu les voir pour leur lancement (Toujours pas de réponse de Louis…. Pour une fois que je demande quelque chose!) car en plus, ils ont eu la grande intelligence d’associer Inepsy (qui prépare son troisième lp) à leur tournée de lancement au Québec, associant et mélangeant ainsi deux publics très différents dans une danse de la décadence. Alors et aux Foufs, le nouvel album tient la route ? Sans rapport avec les anciens trucs des Ste 4, 3 guitaristes, un bassiste, un drummeur et un chanteur. Une grosse machine de guerre. À droite, t-shirt d’un guitariste : Dirty tricks (groupe rock de MTL), à gauche t-shirt d’un autre guitariste : Inepsy. Au milieu : les Ste 4. En live, toute l’énergie du dernier album se déploie, tape et cogne pas mal. De très bons morceaux, un très bon set déjà bien rodé et pas mal fou. C’est l’ampleur sonore qui manque un petit peu à l’album. Un bon show, un nouveau son dans les scènes hardcore (avec toujours cette petite touche born against ?), une présence scénique très forte de Hugo. Et une tournée pour deux mois en Nordam et en Euroland. En attendant leur retour à Montréal pour juin ? Puis, on démonte le matos. On monte le matos. Les types des subhumans montent leurs matos tout seuls et le pogo est là aussitôt, s’installe, le public crie, chante, invective le chanteur reconnaissable à 300 mètres avec sa bouille. Les subhumans ont pas encore commencé que le show a déjà commencé dans le public. Et check, check, go! Tout défile, les tubes, la machine bien huilée, le côté british punk, une musique simple et efficace, les chœurs repris par la foule, le slam, les cris, et ce pogo de dieu qui prend devant, derrière et sur les côtés. La foule des grands soirs. Les tubes s’alignent pour aboutir à l’annonce de la mort de Mickey Mouse. Chaude ambiance, tout en anglais, avec des relents sham par moments, de rares touches ruts et une bonne dose de convictions anarchopunks (La Fraction en est l’exemple le plus proche coté franco mais avec une musique un peu plus complexe). Le concert se finit par un merci Montréal. Les Subhumans viennent de commencer leur mini tour nordam et Montréal les capote ! Puis, la party continue de partout aux Foufs. Chaude nuit, chaud public,…moi ? une bière, et je rentre en croisant un type qui me dit d’aller prier pour expier mes péchés. Désolé mais là, je sors déjà de la messe. Et on a eu ben du fun. Ah si les Foufs pouvaient ressusciter plus souvent, j’irais tous les dimanches danser la danse de la décadence ! http://www.foufounes.qc.ca/