OREN AMBARCHI Triste Southern Lord records 2005
« Triste ». Un nom d’album assez kitsch (au moins pour les francophone non goths) qui ne laisse pas forcément présager le meilleur… Et puis lorsqu’on ouvre le superbe digipack (fac similé de l’édition vinyle antérieure) et qu’on voit la photo de la gratte d’Ambarchi, on frémit un peu plus : une affreuse guitare électrique digne de groupes de heavy metal des années 80… Laide… pff… et rouge vif en plus… Du kitsch façon Jean-Michel Jarre, quoi. Et après on lit ce qu’il y a lire dans le livret (c’est-à-dire pas grand chose), et on apprend qu’il s’agit d’un album qui a été enregistré live… aie… va-t-on devoir subir les cris des groupies d’Ambarchi (ah… je vois d’ici ce que ça pourrait donner…). Après, je le concède, Oren Ambarchi est loin d’être un inconnu. Il a sorti des albums sur des labels renommés dans le monde de l’expérimental (comme Mego) et ne peut pas avoir sombré si bas, ce malgré son passage sur le dernier SunnO))) (je viens seulement de déchiffrer le livret de Black One et de m’apercevoir qu’Ambarchi participe à plusieurs titres… désolé)… « Triste » dément en fait tous mes préjugés, ou plutôt me rassure. Une guitare électrique peut très bien servir à autre chose qu’à faire du metal FM et même du rock. Et à tel point que qui n’a pas le livret sous les yeux ne reconnaîtra jamais la moindre note de guitare, ni claire ni saturée, ici. Les filtres fonctionnent à merveille, pour un résultat merveilleusement musical, musical de textures évidemment. Un live, disais-je… Oui, un live parce que c’est joué sans overdub (enfin, là ils peuvent dirent ce qu’ils veulent, n’est-ce pas…). Mais un live où l’on se sent bien seul. Où l’on se sent bien, et seul. Dit autrement, un disque intimiste. Très abouti, et qui est une grande leçon de minimalisme. Tout est dans le micro événement (quelques parasites), dans la subtilité, dans l’art du temps. Un disque auquel on ne comprend rien en écoute rapide. Ou si : un disque auquel on comprendrait tout, mais où l’on ne ressentirait rien. Comparaisons hasardeuses (comme le souligne fort justement Greg dans l’une de ses toutes dernières chroniques) ? Je n’en risquerai qu’une : Ultra Milkmaids. Ambient très intimiste fait avec des guitares que l’on ne reconnaît plus. Mais en plus fin. Les albums minimalistes aussi réussis m’inquiètent toujours un peu… C’est vrai… avec les mêmes éléments, des dizaines d’autres disques sonnent mal, n’ont rien à dire, sont pénibles à mourir… Mais là ça marche. Est-ce parce que c’est Ambarchi ? Rien de tel qu’un grand nom pour altérer l’objectivité. Et c’est la seule chose qui m’inquiète… un peu. http://www.southernlord.com/