Benoit Pépin, Ta Yeule, diy édition, septembre 2011, 10 dollars.
Présentation sobre. Noir et blanc. Presqu'un avis de déces. Un Requiem. Pour des scènes, des endroits, des groupes qui n'existent plus. Des concerts que l'on avait presque oubliés. 84 photographies qui rappellent des lieux aujourd'hui bien disparus et tout simplement effacés.
Pour moi, aujourd'hui marcher dans Montréal downtown ou vers le Mile End, c'est comme revenir à New York dans le Lower East Side : se sentir étranger dans une ville neuve où pourtant on connait chaque coin de rue dans une vie précédente pas si lointaine, où l'on a tellement « vécu » de chocs « intellectuels ». Le paradoxe est que l'on a tout « oublié ».
Ainsi, le livre de Benoit Pépin agit à la fois comme un Réquiem et comme un faire-part de naissance. Comme à peu près dans toutes les grandes villes, aller voir un concert était aussi une façon de faire du « tourisme » et de découvrir la ville. De dériver d'un lieu à un autre en trouvant d'autres réalités sociales dissimulées à l'intérieur d'une cité. Certes, « Ta Yeule » effleure les scènes, lieux et groupes de Montréal de 1999 à 2006. « Ah tu te souviens du Café inconditionnel, de l'X, du Friendship Cove, de la Loudhouse, de l'Apt.202, ... ». Effectivement la plupart de ces endroits ont disparu face à la « gentrification » de tous ces quartiers centraux de Montréal. Mais, Benoit Pepin ne s'est pas arrêté là. Il chauffait à partir de Sherbrooke dans toutes les directions : Boston, diverses villes dans le Massachussets, NY, Toronto, etc. C'est donc un aperçu très rapide de plusieurs scènes relativement différentes, dont certaines majeures comme Montréal, Toronto, NY ou Boston. OK!
Donc 84 photographies...C'est pas beaucoup pour Ben....84 photographies publiées seulement. À chaque concert, Ben achetait un kodak jetable (avec flash), partait dans le public, se trouvait dans le premier rang et prenait des séries de photographies de chaque groupe qu'il voyait. Le meilleur dans tout cela : aucune démarche professionnelle. Rouler 2 à 3 heures au minumum. Voir le show. Aller dans le pit. Prendre des photographies. Discuter. Prendre un paquet de disques. Rouler pour rentrer 2 à 3 heures au minimum. Ranger le kodak. Faire développer les films. Pour un concert. OK : Benoit Pépin a été à tous les concerts intéresants hardcore punk dans un rayon de plus de 800 kms. Pratiquement à chaque show, on est sûr de les voir lui et son frère (qu'il ne faut pas oublier dans l'affaire). Depuis environ 15 ans.
Donc 84 photographies...C'est pas beaucoup pour Ben....84 photographies publiées seulement. Là encore, Ben dans le pit, kodak jetable dans la main, au grès des mosh et des pogos. C'est un vrai work in progress. En face. Prise directe sur l'énergie du groupe. Fusion totale public/groupe. Synergie. C'est ce qui fait la différence : « the uniquely ground approach » écrit Jonah Flaco (Fucked Up-Career Suicide) qui a lui même sélectionné quelques photographies : Inepsy, Dropdead, MK Ultra, Career Suicide, Fucked Up, Warcry, Gang Green, Punch in the Face, Complications (en couverture), etc.
Ce livre « photozine » est tiré à 500 exemplaires. Il est presque épuisé à ce jour. Benoit Pepin est passé au numérique depuis un bon moment (toujours un format kodak). Il est toujours au premier rang dans le pit. Il « documente ».
Inutile de dire que j'ai bien hâte d'en voir plus sur les scènes de Montréal, (avec affiches, flyers et anecdotes...). En attendant qu'une maison d'édition s'y intéresse...
Fab Tigan, Montréal, avril 2013.
PS: Ta Yeule c'est aussi l'ancien fanzine u numéro unique (?) chroniqué ici en son temps: http://www1.stnt.org/chronique.php?i=1691
Benoit Pépin, Ta Yeule, diy édition, septembre 2011, 10 dollars.
Contact : https://www.facebook.com/ben.pepin.7?fref=nf_fr
liens divers :
Inepsy, Loudhouse, https://www.youtube.com/watch?v=HZ4sHqySkGY
Vincebus Eruptum, Loudhouse 2003, https://www.youtube.com/watch?v=-FJag1NXZbE
Career Suicide, Death Church, 2011, https://www.youtube.com/watch?v=QfPUYTMnYCI