THE TELESCOPES Third Wave Double Agent Records 2003

THE TELESCOPES Third Wave

Third wave, la troisième vague. Produite par le retour des Telescopes. C’était en 2002. Et avant, la bonace (« calme plat de la mer… », je le précise pour mon correcteur d’orthographe qui ne connaît pas ce mot) avait duré pas moins de neuf ans… Le dernier album sur Creation Records (My Bloody Valentine, Jesus and the Mary Chain, Oasis, etc.) remontait quant à lui à 1992. Entre temps, certes, il y avait eu l’épisode Unisex… Une vague ? Sans doute… C’est que Third Wave avait produit la surprise chez ceux qui n’avaient pas oublié les Telescopes : c’était la fin des comparaisons avec My Bloody Valentine, Jesus and Mary Chain ou le Velvet Underground. Third wave, ce n’était plus les Telescopes. C’était toujours les Telescopes. Comme si son identité s’était toujours logée dans les détails (ça me rappelle le style selon Leo Spitzer) et que finalement le genre n’était qu’un support pour fixer son identité – quelque chose de plus profond à exprimer que le genre… Un vague d’une force comparable au TNT de Tortoise. Qui ne détruit pas grand chose sur son passage, mais qui en caresse beaucoup. Oui, l’ambiance rappelle celle du Tortoise de TNT… Dans son côté doucement jazzy, dans sa façon de mêler les genres. Et sur Third wave, les genres et influences sont aussi nombreux que les instruments (je ne mentionnerais que les trompettes et piano) et les techniques employés (pour se déshabituer des instruments les plus familiers et privilégier les « heureux accidents »). Comme une abeille ferait son meilleur miel de toutes fleurs, nos anglais mêlent aux quelques bribes de pop et d’indie rock qu’ils ont conservé de leurs débuts, electronica, avant garde sixties, trip hop (surtout lorsque Jo se met à chanter), club jazz, ambient à la Brian Eno… Une variété qui donne l’impression d’un état d’esprit frais, adolescent – passionné. Certainement pas opportuniste en tous cas : parce que malgré tout, cet album est loin d’être aussi accessible que ses prédécesseurs. Parfois les Scopes flirtent avec le kitsch, mais un Kitsch assumé… des bruits de jouets d’enfant bouclés par exemple. Oh… pas des enfants bouclés, mais le son de leur jouets passé en boucle… Et c’est aussi à cette fausse naïveté qu’on reconnaît Stephen Lawrie et Jo Doran. Un disque ludique. Un brin chaotique parait-il (je dirais plutôt « organique »), mais tellement doux aussi. Parfois mélancolique, mais surtout « gentil », sans que ce soit péjoratif. Une sorte de collection de pièces naïves, et très agréables en raison de cette naïveté. S’il s’agit d’une totale réinvention (et redécouverte) de leur style, les Telescopes n’ont rien perdu de ce « mystérieux art » qui faisait leur identité (pour citer feu John Peel). Et question d’enrichir la rubrique anecdotes, on rajoutera que les titres ont été sélectionnés et ordonnés par Anton de Brian Jonestown Massacre. http://www.doubleagentrecords.com