FATHMOUNT Continuum Overflow Demo (Hong Kong) 2006

FATHMOUNT Continuum Overflow

Il y a quelques mois, j’ai reçu trois disques de Fathmount, projet d’ambient-drone-experimental-etc. de Hong Kong. La première chose qui m’a frappé – avant même d’avoir écouté les disques –, c’est le sens du design dont fait preuve Wilson, le p’tit gars derrière ce projet. Avec des moyens plutôt limités (des CD-R, une imprimante, rien du tout, quoi), il parvient à créer des visuels d’une grande qualité esthétique (avec une ligne directrice très cohérente), et très intriguants. La pochette de « Continuum Overflow » (la dernière démo en date) est plus conventionnelle que celles des deux précédentes démos (qui utilisaient du papier calque) puisque le support n’est un papier cartonné. Pourtant, les décolorations de noir (plutôt fines pour du DIY) en disent assez sur l’univers de Fathmount. Nombres de micro labels devraient en prendre note.Fathmount utilise des guitares. Mais comme pour Oren Ambarchi, ce n’est pas ce qui aide à s’imaginer la musique à laquelle on a affaire : on ne reconnaît pas les guitares du tout. En fait la musique de Fathmount est une musique ambiante et minimaliste telle qu’on peut en trouver sur des labels comme Mego, Mille Plateaux, Staalplaat… Le genre de musique que certains (qui n’ont pas dû entendre parler de la musique concrète) qualifient d’abstraites parce qu’elles ne recourent pas aux mélodies ni au système harmonique traditionnel. Et on touche au problème que posent ce genre de disques : ils requièrent une attention extrême de la part de l’auditeur, et beaucoup de son temps (le premier morceau dure tout de même 35 minutes !), pour ne déceler que peu d’événements. Car ici pas de beat, et tout est de l’ordre du micro événement : parasites, craquements, qui n’interrompent que rarement les longues nappes de drones (ah, ah ! pour une fois que le terme est vraiment adapté). Des nappes qui (sur le premier titre) passent insensiblement de fréquences assez graves à des fréquences particulièrement aiguës, stridentes avant de mourir en bruit blanc. Pas de doute pourtant, il s’agit d’un titre très travaillé, et contrairement aux apparences, assez structuré, son seul « défaut » étant d’être trop long. Le second titre est beaucoup plus court (un peu plus de 7 minutes), et ressemble au prolongement du premier titre, son outro en quelque sorte (j’aime bien ce rapport de proportions entre les deux titres). Cette fois les nappes sont plus rugueuses, plus grasses, et rentrent en conflit les unes avec les autres, jusqu’à produire des vibrations bien particulières. L’univers de Fathmount est a priori assez froid, assez abstrait, trop sérieux. Il peut sembler assez difficile de trouver une brèche pour y pénétrer. Mais en même temps, pour qui y arrive, il s’agit d’une musique peut se révéler une grande source d’inspiration tant elle est loin de tout compromis. mailto:famount@gmail.com