ULTRA MILKMAIDS Aidan Baker At Home With… Infraction 2005
Je sais, encore un album qui n’est pas tout frais… Mais bon, qui n’est pas encore assez vieux pour être passé sous silence. Ultra milkmaids ? Ce sont des grands, tout le monde le sait, non ? Le canadien Aidan Baker jouit lui aussi d’une certaine renommée dans le monde de la musique ambiante (il a eu le privilège d’être remixé par Troum, quand même !). Quant au disque, il s’agit non pas d’un split, mais d’un mariage provisoire pour trois longs titres. On attaque, enfin façon de parler, avec un titre de drone, de vrai drone, à l’ancienne quoi, (ce qu’on appelait drone avant que le terme ne devienne synonyme réducteur de « doom metal sans batterie » ou de « Sunn O))) »). De la texture à l’état pur. De belles harmoniques qui semblent surenchérir en brillance, toujours plus haut vers l’Everest des harmoniques. Mais pour belles que soient ces harmoniques, la structure donne une impression de bâclé : cette première pièce ressemble du coup à une suite de morceaux très proches les uns des autres, et est long sans prendre le temps d’évoluer, c’est-à-dire inutilement long. Le deuxième morceau est de loin le plus abouti de cette collaboration (on frôle la perfection). Non seulement il corrige l’effet produit par son prédécesseur (par contraste, ou par complément, comme on veut), mais parce qu’il prend son temps au niveau des transitions, le passage d’un thème à l’autre est fluide au point qu’on ne peut en saisir les frontières… on est dans le mouvement, absorbé. Mouvement de mélodies aussi riches que discrètes, et plus juste un mouvement de textures. On glisse d’un univers doux, tout en quiétude (un état qui est la griffe Ultra Milkmaids… ceux qui connaissent le groupe voient sans doute de quoi je parle), à un univers plus inquiétant, fantomatique… Il y a un moment où tout long soit-il, le morceau intègre un ensemble plus grand – on change d’échelle. La longueur persiste finalement dans la mémoire comme quelque chose de bref, et on donne des excuses à ses souvenirs. L’ouverture est maintenant rédimée, réduite à l’état d’anecdote. Un peu comme un écho, le troisième titre clôt ce triptyque dans une mise en forme très Ultra milkmaids : guitares en reverses, collées, coupées, hachées – plus clic & cuts. Un peu comme un écho ; ou un peu comme une parenthèse, qui isole un peu plus de la réalité le superbe second titre. Limité à 538 exemplaires. http://www.infractionrecords.com