Peter BRÖTZMANN : Münster Bern (Cd Cubus Records 2015)
Enregistré le 27 octobre 2013 lors de festival de musique impro au Münster de Berne (Suisse), le vieux loup crache sa bile dans son sax en solo pendant 67 minutes. Dans ta pomme. Comme à l'habitude, ses cris de baleine atteignent une profondeur habituelle chez lui et c'est toujours un réel plaisir de l'entendre atteindre de telles crevasses au fin fond de la croute volcanique sous marine. On se demande même si la tectonique des plaques n'aurait pas quelque chose à voir avec les escapades folles et les cris fiévreux de l'allemand né en des temps préhistoriques (1941). Tyranosaurus Sax. La fièvre des premières notes donne la mesure de ce disque, j'aime quand il s'évacue comme çà, ça part, loin, comme d'habitude je m'apaise en ressentant tant de puissance, tant de générosité, il n'est pas du genre à bavarder ni à combler les silences de blahblah journalistique, cette énergie me manquera quant elle disparaîtra et il est essentiel d'en profiter maintenant. On m'a dit qu'il était malade. Une info qui reste à confirmer. Cerise sur le gâteau pour le dernier morceau du concert et en guise d'ultime hommage à Ornette Coleman, 1 an et demi avant sa mort, le pépère chante « lonely woman » dans son bien nommé «the very heart of things » . De toute façon, que les choses soient claires, se prendre un solo de Peter Brötzmann dans la face, c'est toujours du temps de gagné.