Mathieu WERCHOWSKI Noir Paradis (Montagne Noire 2021)
Formé au conservatoire de Grenoble, Mathieu WERCHOWSKI joue avec nombre de personnages reconnus dans le milieu des musiques expérimentales, Lionel Marchetti, Jérôme Noetinger, Xavier Charles, John Russel, etc... La GMEA l'a invité en 2020 dans le cadre d'une résidence à expérimenter à l'aide de son instrument favori : le violon (j'y inclus l'alto). Mais un violon particulier, un violon qu'il triture, qu'il modifie, un violon monté avec des cordes de guitares par exemple, avec un sens certain de la composition : jouer, faire pleurer, faire crier, ce disque est à ma connaissance le premier solo de Mathieu WERCHOWSKI. En préambule, je ne suis pas fan de la voix 'off' sur ce disque, la sienne, je n'aime ni sa tessiture de chanteur pour enfants, ni la position qu'elle prend. Heureusement, elle est utilisée avec parcimonie. Ceci dit, et je n'y reviendrai plus, ce que j'apprécie le plus, c'est le jeu et son attirance pour la chose différente comme de brancher son violon sur le 220V comme dans ce génial 'once upon a time' où la corde électrisée se fait guitare électrique et forge un paysage désertique rêveur où viennent se rajouter des mélodies qu'on aurait crues directement extraites de la tête de TOM CORA. C'est d'ailleurs ce morceau qui m'a embarqué dans son disque. Depuis les années 90, MW baigne dans le monde de l’improvisation et performe régulièrement dans des solos intenses, autant lyriques que répétitifs où alternent boucles et spleens inquiétants. Ces cordes quand elles vibrent sonnent toujours dans le temps de la mélancolie, du climat froid, avec toujours cette histoire de temps qui passe. Sombre, profond et noir comme cette pochette, il tente de s'extraire de sa nature profonde en saupoudrant quelques points aérés, guillerets (field recording / oiseaux en climats printaniers...), mais je ne m'y trompe pas, c'est bien l'intérieur triste et douloureux de ses histoires qui m'interpelle. A découvrir.