L'OCELLE MARE sans chemin (Shelter Press / Murailles Music 2021)

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Ça commence par un effet Doppler. Fade-in. Un bruit lointain s'immisce dans la pièce jusqu'à en devenir crispant. Alterne un drone puis des bribes de Morse façon L'OCELLE MARE. La guitare est de retour, le métronome bat le rythme, Thomas revient d'Espagne, électrique comme sa guitare et retourne dans son bon vieux Ribérac des débuts. Madrid est derrière. Visons devant. Même ébloui et sans chemin. La guitare de CHEVAL DE FRISE a repris du galon, hantée par des espagnolades et des cheveux noirs dansants bien tirés en arrière. Le plus impressionnant dans tout cela, c'est le tic tac qui marque le temps. Cette marque prend différentes formes, métronome, claquettes, claquements de main, un beat effréné ou clapotant marquant la fin d'une histoire entre une castagnette amourachée d'une corde de guitare désarticulée. Les mélodies de Thomas font leur effet. C'est viscéral. L'effet sur moi est immédiat. Des interludes sonores dissonent et chantent un air d'automne dans une violence parfois que je n'avais pas sentie chez lui depuis longtemps. Un truc est arrivé. L'expérimentation succède à la mélancolie. Je me rappelle des sons des concerts et comme un passage d'une vie à l'autre, ce huitième morceau ('Banjo, Colophane, Interrupteurs') est un gouffre sans fond, je n'arrive pas à en sortir. Aspiré.  L'attirail d'instruments qu'il a récupérés au fil du temps est ici savamment utilisé, d'ou le nom des morceaux, très techniques pour le coup, fini la poésie, on revient à quelque chose de plus terre à terre ('Flûte, Tambourin, Membrane, Piano Ouvert' ou 'Guitare Classique, Métronome, Tambourins', etc...). Le  nouveau L'OCELLE MARE, enregistré sur deux ans tout de même, se donne un avenir avec un certain retour aux sources, un avenir toujours entreprenant et délicat, mais un avenir en soubresauts, un bilan, un regard derrière, attendrissant, mais qu'importe, la somme est faite, un trait vient d'être tiré et l'avenir de L'OCELLE MARE m'attire encore plus qu'avant. Vertiges.