KNUT terraformer cd conspiracy records 2005
J’avais quitté les Helvètes avec le dur album Bastardiser (1997 avec ce côté Trépomen Pal, Godflesh, Young Gods, etc.). Y a ben longtemps. M’en voilà coit. Bouche fermée tant la démarche a complètement été transformée presque transfigurée. Elle s’est durçie, a vieilli, a muri et surtout pris son envol et son ampleur. Le premier truc qui me vient à l’esprit est Fallout Project (qui vient d’ailleurs de finir sa chute et de s’autodissoudre ce soir à Montréal, en espérant que leur chanteur poursuive ses « travaux de destruction massive » et pourquoi pas avec ces Suisses là ?), sans compter Isis (un peu trop mou à mon goût), tribe of neurosis (si je peux dire), cult of luna, etc…. Mais, sans ce côté trop facile, trop entendu et trop maché à la pink floyd, godspeed. Il y a un plus que Knut va chercher et va trouver….dû peut être à la Suisse aux confluents du noise, de l’industriel et des gros sons. Sans rougir, Knut balance pas juste un bon album noise, introspectif, mais un truc qui fait une discrète différence. Le concept n’est pas tout drapeau déplié en avant. Pas en vrac, pas frontal mais très intuitif presque « cabalistique » si je peux dire. C’est un peu une nouvelle géographie de la résistance et de la contre-culture. C’est un bon point car généralement, la tendance lourde est de tourner autour du cop des swans (etc) et d’en refaire une introspection individualiste centrée sur son petit égo. Ici Knut donne des pistes, des lieux, des points d’ancrage : Évian, Kyoto, Seattle, Bollingen, Davos, Gênes et Falloujah (où l’on retrouve cette énergie du Bastardiser avec ce côté Treponem Pal). Autant de points de désastres non personnels mais collectifs. Un inaccomplissement et un effondrement mondial ressentis aux plus profonds de nos entrailles et de nos poumons collectifs. Combattu par de nouvelles voies d’extériorisation et de mise en réseau. Du développement de véritables alternatives/systèmes englobants de nouveaux horizons (le créateur de linux Torvalds) ou de nouvelles éruptions solaires, le temps d’un flash rapide, immédiat et brutal –sans métal- qui transcende tout : là où la vitesse et la lenteur se confondent et créent de nouveaux espaces. À l’image du parcours de Fibonacci, homme clef d’une renaissance illimitée. La pochette est d’Aaron Turner du Isis. Elle donne le ton de l’album de Knut. Discret, brillant et nouveau. http://www.conspiracyrecords.com