YASUSHI MIURA Bodyvehicle Techno is from Mars and dub is from Venus Burning Emptiness 2006
Laurent Garnier, de Mars ? Mensonge que je ne suis pas prêt de cautionner ! Bon, vous l’aurez compris, avec un titre comme ça, on sait déjà (au moins) un peu où on met les pieds. Sur Terre évidemment, puisque c’est pour l’instant le seul endroit où doit être distribué le micro label Burning Emptiness. Micro label ? Bé oui, B.E. ne sort ses disques qu’à des tirages très intimistes, en évitant les circuits de promotion et de distributions habituelles (DIY!), ne recourt pas au pressage industriel. Mais il ne faudrait pas confondre les mots : « micro » n’est pas le synonyme de « sous ». Car il n’est question ni de micro qualité ni de micro esprit : B.E. est ouvert à tous les styles de musique (ambient, expérimental, contemporain, techno, acoustique, free grind core…) du moment que c’est de qualité et que ça sort des sentiers battus (c’est au moins ce qu’ils disent). Et ici, de quoi est-il question ? Je vous l’ai dit : lisez le titre, comme moi ! De techno et de dub. Styles dont je n’ai pas forcément une grande légitimité à parler. Mais comme il s’agit de techno martienne (en fait japonaise) et de dub en provenance de Vénus (donc de Russie, si j’ai bien décrypté l’adresse internet du site du groupe), ça change pas mal de choses, ça met en confiance, et en appétit ! Techno is from Mars… Oui, les rythmes de Yasushi Miura sont un poil guerriers (avec un kick légèrement distordu), surtout sur le joyeux « Subdivision ». Des rythmes binaires, classiques du genre (et qui permettent même de le définir), les métamorphoses de structures (ça évolue sans qu’on s’en rende vraiment compte), les synthés, quelques discrets clics / cuts : tout y est, mais sans sombrer trop dans la caricature. C’est plutôt fin, organique, et ça réserve quelques bonnes surprises puisque Miura se permet même une incursion (assez brève) dans un electro plus experimental avec « Empire ». Bodyvehicle joue pour sa part sur un registre plus étendu, tant dans la manière (le rythme, au sens classique, pouvant être au premier plan comme en retrait), que dans les atmosphères. Si bien que la techno de Miura assure la stabilité du split (et son accessibilité) malgré son côté quand même un peu cliché (ou plutôt « balisé »), tout en offrant un contraste intéressant avec les titres de Bodyvehicle avec lesquels elle alterne (le travail sur l’enchaînement entre les morceaux contribue à rendre ce disque très agréable à écouter) qui sont eux plus ambiants. Le dub de Bodyvehicle se teinte de sonorités parfois industrielles, les ambiances sont parfois assez proches du Scorn le plus dépouillé, les infrabasses en moins (« Misty pond and the path of brown marble »). D’autres fois, ça me rappelle un peu SND par exemple. Je l’ai dit, le dub de Bodyvehicle est assez varié, allant jusqu’à utiliser une guitare assez post rock (j’exagère, c’est vrai) sur « Branches… », tout en restant assez planant. Si au final je crois avoir cerné le côté Mars de Yasushi Miura, je suis moins victorieux pour ce qui est du côté Venus de Bodyvehicle… Bah… c’est pas grave. Ce split n’en est pas moins réussi. http://www.burningemptiness.com