WILDIDLIFE Six Crucial Blast 2008
Crucial Blast fait partie de mes labels de prédilection… Quoi ? Ca ressemble à ce que j’aurais dit ailleurs ? Aie !... Eh oui, on tourne vite en rond avec les chroniques (toujours les mêmes adjectifs, les mêmes tics pour parler de disques pourtant tellement différents…)… N’empêche, c’est vrai… J’aime Crucial Blast. Pour l’esprit. Cet esprit éclectique, ce sens de la remise en question, ce goût de la surprise… Pour cette appétence encore tournée vers l’underground… Après, c’est aussi le genre de labels dans lesquels chacun trouve chaussure à son pied, et chacun croit y retrouver ses goûts, du rockeur soft au fan de shitnoise… et c’est aussi le genre de labels qui pourrait être à deux pas de trahir sa devise : « New mutations in extrem music »… Etrangement, « Six » de Wildidlife est peut-être un des album qui reflète le plus la volonté d’éclectisme du label et son goût pour l’originalité. Qu’on s’imagine les mélodies les plus accrocheuses du monde (« Things will grow » et « Tungsten Steel » ne sont-ils pas enivrants ?), et une musique qui épuise tour à tour tous les styles de rock – et pas seulement –, que ce soit noisy, folk, progressif, psychédélique, krautrock, doom (le break au milieu de « Things will grow » aurait pu être joué par Black Sabbath jouant du Khanate il y a 35 ans)… Alors qu’un morceau comme « Feed » tire vers une sorte de metal à la Voivod période Phobos (que ce soit par le jeu de batterie, les harmoniques, ou même un côté épique typiquement metal), c’est dans une ambiance mystique à la Vibracathedral Orchestra (« The Queen of Guess ») que nous plonge la seconde partie d’un morceau comme « Majic Jordan »… Bref, on y trouve les références qu’on a envie d’y trouver, et on pourrait tout autant voir cet album comme un album doux et planant que comme un album oppressant et agressif… un des grands intérêts de ce disque. Pour autant, tout en refusant de s’enfermer dans un style, « Six » impose une personnalité cohérente, homogène, forte. Pas seulement parce que les plans prennent le temps de tourner et que les styles les plus incompatibles s’enchaînent de façon étonnamment organique, mais aussi et surtout parce que mix et mastering vont à rebours de standards (commerciaux) chers à presque toutes les formes de rocks énervés… Ici, pas de dynamique aux angles nets, pas de cette brillance numérique si rugueuse ; mais un son comme analogique, loin de la course aux décibels, réverbéré, spatialisé plutôt que stratifié, comme cherchant à tout éloigner dans un espace propre, une immensité cosmique… Un son son qui tient évidemment à distance l’exécution et les exécutants… un son rond et doux… Wildidlife nous rappelle cette leçon de grands-pères : la première façon d’être unique pour un groupe, c’est le son. http://www.crucialblast.net/