MOE the crone (LP vinter records 2022)
Je l'écoute, je l'écoute, je l'écoute, plus ca va, plus je l'écoute. J'ai vraiment été surpris la première fois par ces orchestrations chiadées, ces longs morceaux, ces cordes, ce petit côté Bjork par endroit lorsque Guro se met à chanter. Je ne l'entends pas ici se tordre la gorge de violence démoniaque comme elle le fait souvent. Ce nouvel album est l'un des moins furieux mais aussi l'un des plus ambitieux. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'en est pas moins tourmenté. C'est étonnant comme ce groupe a cette capacité à se métamorphoser. Sans doute cette volonté innée de surprendre l'auditeur, de se surprendre aussi, de rebattre les cartes, que ce soit pour leur couple (le guitariste Skaset et Guro à la basse) quand ils tracent la route. Ensemble. Toujours sur la route, en recherche de décalage, un petit fossé, une halte dans un bar, un détour sur un autre continent, un concert au 'Tapette Fest' où je les ai vus y faire chacun un solo de leur propre instrument (Johannsen à la batterie compris). Ils aiment la performance et se renouveler est l'essence même de MOE. Ces deux là sont d'abord deux, un peu à la manière d'un TERRY EX et sa compagne en ballade en Afrique (qui eux ont sorti un livre retranscrivant leur épopée Africaine). Le batteur de MOE (Johansen) s'y greffe de temps en temps sur ce disque et même pour le coup de moins en moins. Il est ainsi nommé dans la rubrique des 'additional musicians' dans le beau livret de photos du LP. 'The crone' n'a rien à voir avec le précédent 'la bufa', enfin toute proportion gardée : moins 'rock noise', il tend vers un sludge à cordes, intégrant parfois un quelque chose de psyché, tendance expérimentation, lourd et abreuvé de contes mystiques et d'ambiances noires d'obédience cinématographiques. Un climat étrange rôde ici, photos de marais, d'arbres dénudés, perdus dans des marécages de pays inconnus, noyés dans le lointain, brume de solitude, humidité au compteur, un pays d'aventures à la recherche de soi-même, j'ai pensé à 'into the wild' de Sean Penn. 'The crone' m'engloutit petit à petit, l'album repasse de plus en plus souvent et je ne sais toujours pas quand la boucle va s'arrêter...
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