L'OCELLE MARE "temps en terre" (Murailles Music / Kythibong 2017)
Je me suis rappelé de la première fois que j'ai vu et entendu Thomas BONVALET. C'était dans le cadre du festival Aquarock à LUSIGNAN près de Poitiers le 3 septembre 2000. CHEVAL DE FRISE avait la gagne. J'avais pris une de ces balles à l'écoute de cette musique, éberlué par leur énergie, leur finesse technique, l'intelligence de la charpente et par l'émotion transmise par ces deux génies du guitare batterie. La vie est passée mais la capacité de Thomas BONVALET (aka L'OCELLE MARE) a entretenir le souffle musical, lui, est resté. Le talent ça s'entretient. Dix sept piges plus tard, j'ai vu L'OCELLE MARE en concert. le 16 septembre 2017 *, à l'occasion des journées du patrimoine au musée d'arts de Nantes. Ca sentait le parfum de la cire dans les locaux du musée réhabilité. Mais pas que. Encore à la bourre avec les potes, on débarque au premier concert de l'aprem*, un mec barbu au sourire avenant me fait des grands signes au loin alors qu'on arrive en retard au concert et que tout le monde est déjà concentré. Oui c'tait l'aprem. Alexis DEGRENIER commençait à 'droner' juste derrière ses grosses caisses animées par ses sex toy vibreurs. Et oui, le gars jovial c'était Thomas. C'est même tout lui. D'une générosité sans faille, au sourire entreprenant, avec le recul, on remarque que ce gars là se dirige droit vers la lumière, je le compare aujourd'hui à un vieux bluesman qui se balade dans la vie avec son banjo et son attirail sur le dos. Quand je dis attirail, on trouvera dans la hotte des clochettes à pieds, des claquettes, un armonica, des moteurs à courant continu, un ampli, une table de mixage, du cablage, des pédales, de la disto, une peau de tom de batterie qu'il fait vibrer au gré du soufle de sa petite sono, etc, bref, tout le bric à brac qui lui permet maintenant d'orienter son set vers le rythme dans ce qu'il a de plus physique, de plus intense, de plus corporel. Il n'y a même plus de titre à ses morceaux, il n'y a qu'en lisant le revers du disque qu'on a ici 9 morceaux, dont 7 ont été enregistrés au studio Chaudelande en Février et Avril 2017, pour 20 minutes de musique puissante, entreprenante, vibrante. Thomas BONVALET est à voir sur scène, en mode 'spectacle vivant' puis à écouter sur disque pour ressentir l'instant pour réentendre ces cris de baleine lancés par les cordes du banjo, ces sourdes percussions crées en tapotant à l'aide de ses claquettes sur sa planche amplifiée. L'atmosphère a ici quelque chose à voir avec le froid de l'usine, des larsens de la métallurgie (!!!) il y a maintenant un souffle et des doigts qui écrivent une musique artisanale et savamment faconnée sur la vitre de l'usine désaffectée. Le disque est peut être l'image figée des sets du bonhomme, mais c'est encore une expérience physique et étonnante qu'on pourra se surprendre à écouter comme on écoute un disque de musique électronique.
Thomas BONVALET joue aussi dans POWERDOVE, participe à des projets plus expérimentaux en duo avec Jean-Luc Guionnet, partage parfois la scène avec les RADIKAL SATAN quand les deux frères s'entendent...
Le LP sort chez Kythibong records http://www.kythibong.org/
Des liens :
https://ocellemare.bandcamp.com/
http://www.muraillesmusic.com/
* Une vidéo du concert en question : https://www.youtube.com/embed/OLcTNUWmL2w