JESU Jesu Hydrahead 2005
Voilà un album qui m’aura donné du fil à retordre… à la limite du cas de conscience… On ne présente plus Jesu : tout le monde sait qui c’est. Si vous cherchez des chroniques de cet album (peut-être que c’est ce que vous aurez fait si vous lisez cette chronique…), vous trouverez des trucs du style : « Godflesh est mort, vive Jesu », « Jesu va encore plus loin que Godflesh », « un disque avant-gardiste », « attention, chef-d’œuvre », « Terrassant », etc. Une quasi unanimité effrayante. Paralysante aussi : peut-on écrire qu’on trouve cet album pourri (ça sent le crime de lèse-majesté, hein ?) ? C’est un peu ce que j’avais envie de faire, par provocation, mais pas seulement. Parce que j’ai fait l’effort d’écouter cet album pas mal de fois, mais c’était toujours sacrément laborieux. Je voyais des points positifs – j’avais des moments de plaisir – (la basse granitique et les guitares aériennes), mais je voyais aussi de sacrés points noirs (morceaux trop longs, souvent trop niais, voix fausses (parenthèse dans la parenthèse : des voix fausses peuvent constituer tout l’intérêt – le charme – d’un album… mais ici, à voir tous les effets qui noient ces voix (comme ces pénibles voccoders), j’ai du mal à croire que ce soit assumé). Et puis des fois j’arrivais à me convaincre que c’était un bon album. C’est vrai qu’il y des plans mortels sur des morceaux comme « Friends are evil », « Walk on water » ou « Man / woman » (un des rares morceaux que j’apprécie vraiment – quand j’ai le courage d’écouter l’album jusque là), c’est vrai que les guitares sont parfois très planantes, c’est vrai que le son décape, et c’est vrai que l’artwork est superbe. Mais je ne trouve pas que ça apporte grand chose par rapport à Godflesh (imaginez juste que Godflesh ait arrêté de pomper les Swans), ni par rapport à ce qui sort aujourd’hui… avoir attendu tout ce temps pour ça… Je me répète : je trouve cet album niais. Parfois il est puissant, à la limite du tragique, et ça retombe dans la soupe la plus fade : si bien que la plupart du temps, j’ai l’impression d’écouter un disque de variétoche, avec les mêmes bons sentiments qui puent… Et dire que pour le prix (parce qu’en plus cet album n’est pas donné !), j’aurais pu acheter deux bons albums… Surtout quand on voit tout ce qui se passe de passionnant ailleurs… Je suis sûr que tout le monde va me tomber dessus : on ne touche pas aux idoles de jeunesse. http://www.hydrahead.com