Baïkida E.J. CARROLL orange fish tears (Souffle Continu records 2023)
Enregistré en 74 (3, 4 et 5 juin) au Studio Palm à Paris, la capitale du free Jazz d'alors, ce disque est initialement paru sur le label du pianiste Jef GILSON aussi compositeur, ingénieur du son et producteur via son Palm label (JL PONTY, GILSON, MALAGASY, VANDER...). En face A, dans les instruments à vent, se cachent les oiseaux, la nature est luxuriante, les piafs s'en donnent à cœur-joie et l'exotisme est le maître mot de cette première partie. Les conversations entre oiseaux n'ont rien d'anodin et rappellent quelque part les discussions d'EVAN PARKER produites sur Treader **. Les clochettes du début rameutent les tétrapodes. Quel capharnaüm. La trompette de CARROLL pointe son museau et pose l'ambiance aidée par le sax d'Oliver LAKE et le piano de Manuel VILLARROEL. Le matin s'est levé, le brésilien Nana VASCONCELOS se réveille un peu plus tard. C'est le rythme qui vient, la parenté de ces ambiances tropicales avec les couleurs du ART ENSEMBLE OF CHICAGO est ténue. Même période, même ouverture, les yeux et les oreilles dirigés vers le même point au zénith. Direction VEGA et la Lyre pour des frissons garantis. Une énergie positive émerge de tout çà, une volonté de construire, on y sent une force, une force imposante et puissante. La bestiole s'affirme et est sacrément agile. LAKE s'emporte en tirades, CARROLL aussi, ils discutent en ouverture de la face B pendant 10 minutes (" rue Roger"), ca piaffe dur, on comprend tout, danse nuptiale pour duo coloré. Le dernier morceau ("Porte d'Orléans") laisse plus d'inquiétude apparaître, la jungle est profonde, le piano se brise, les cris se font plus violents, la flûte renvoie au bois, au climat anxieux, le piano se pose finalement, mais les singes le titillent, c'est un moment plus casse gueule, c'est là qu'on sent les choses se passer. On s'épie, on se jauge, on se teste à l'affût du moindre mouvement. Chuttt... Le rythme inquiet finalement se remet à danser. Après l'ombre, la lumière de la lisière de la jungle refait son apparition, j'en aurais bien repris un peu plus pour tout dire. Superbe objet une nouvelle fois produit par nos parisiens du Souffle continu qui continuent sans faiblir leur travail précis de rééditions de vieux trésors. N'oublions pas le très beau livret photo 8 pages de ce superbe LP qui recèle encore son lot d'aventures et de chemins détournés.
* Evan Parker With Birds LP sur le label de John COXON / certains cds de ce label sont vraiment magnifiques / 'embossed'
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