AGORAPHOBIC NOSEBLEED Altered States of America cd Relapse 2003

AGORAPHOBIC NOSEBLEED Altered States of America

Ce disque est plutôt amusant de prime abord. Par son côté anecdotique. Petit format (mini cd de 8 centimètres). Par le rapport entre sa durée (forcément moins de 20 minutes) et le nombre de titres (99). Par sa pochette débile, évidemment (d’excellents bébés zombies). Par son morceau caché, qui au lieu d’être en fin d’album, est au début. Au tout début ; on n’y accède qu’en marche arrière (il est dans les négatifs) ! Bref, ce disque est une provocation qui sied parfaitement à la bande de Scott Hull. Le genre de disques qui auraient tout à fait leur place dans le livre des records. Musicalement, c’est sans surprise. Du Agoraphobic Nosebleed dans la droite ligne de Frozen Corpse Stuffed with dope. Ca commence par un titre (caché donc) dub d’1’40. Et après, ça part sur l’artillerie lourde. Son reconnaissable entre mille, un peu punk, un peu death suédois. Jamais formaté (et c’est pour ça qu’on aime A.N.B.). Très vite la boite à rythme prend sa vitesse de croisière. Croisière au cours de laquelle elle noie presque tout. Mais de temps en temps le tempo ralentit et permet à la guitare de se faire entendre, et même d’apporter un poil de groove... Dans l’ensemble, les morceaux sont très courts (ils durent le temps d’un riff…), ce qui augmente encore la sensation de vélocité produite par la boite à rythme… Tout va très vite, on finit par ne plus avoir le temps de reprendre son souffle (ça tombe bien parce que ce n’est pas ce qu’on cherche ici !). La voix me fait toujours penser à des Beastie Boys satanistes sous acides. Evidemment, il y a toujours quelques intermèdes avec les samples des familles, des plans tour à tour indus et technoïsants. On aura pratiquement fait le tour d’Altered State of America. Mais voilà, si la musique est pas mal dans l’ensemble (encore que ce n’est pas le meilleur d’Agoraphobic), et que les titres (« Scott Hulk ») et les textes sont parfois drôles (« Black Metal Travestite », qui se moque des groupes de black metal, est-ce la peine de le préciser ?), il plane tout de même ici une homophobie et un sexisme qui finissent par être douteux. Si je saisis parfaitement ce qu’a de subversif le délire sur les drogues, je saisis beaucoup moins la valeur subversive de toutes les vannes homophobes qui émaillent ce CD. A croire que ces gars ne sont rien d’autres que de bons américains (caricaturaux), et que dans le fond Bush ne doit pas les déranger plus que ça. Ils ne sont pas prêts de perdre leur port d’arme. Oui, parfaitement réacs dans le fond (Scott Hull, adepte du gros muscle et des flingues… le genre de choses dans lesquelles il est difficile de ne pas voir une quête désespérée de virilité). J’espère vraiment qu’il ne s’agit que d’humour, que je suis juste un ringard qui ne comprend plus rien au grind…. Après tout, il s’agit d’être aux limites de l’extrême… http://www.relapse.com