CLARA CLARA Comfortable problems Clapping Music 2010
Après un “AA” déjà enthousiasmant, pêchant tout juste par son côté...timoré, le trio prolonge sa démarche, personnelle et décalée, et signe un album assez ébouriffant, exubérant, chanté aussi, qui confirme de façon définitive et son talent, et le bien-fondé de ses investigations, entre pop-rock remuante et séquences synthétiques bondissantes, le tout s’imbriquant en certaines occasions pour former de superbes ritournelles noise. On pourrait d’ailleurs comparer le gang des frères Virot et d’Amélie Lambert à un Marvin moins touffu, un peu plus « poppy ». Mais Clara Clara, tout comme les montpelliérains, enfoncent ici le clou d’un style qui leur est propre, et emmènent dans leur folle sarabande, dès le début de Paper crowns, un auditeur bringuebalé de toutes parts. Malgré cette folie rythmique et stylistique, qui génère un superbe résultat, les Rhodaniens produisent au final des morceaux aisés à retenir, frais et décomplexes, dont aucun ne traîne la patte. L’énergie instrumentale et la folie vocale s’acoquinent parfaitement avec ces claviers aux nappes irrésistibles, et le groupe se montre d’une redoutable efficacité tant dans son côté direct que dans un registre plus saccadé (One on one). Sa formule inédite lui permet de plus d’afficher une orientation originale, que le chant étoffe avec justesse, et il a de plus la bonne idée d’aller à l’essentiel, en tout juste huit titres et un peu plus de 30 minutes, avec allant et un certain brio. Même les longs formats comme Versus education of artistic peace font leur effet, celui-ci imposant une alternance de tempi et d’ambiances bienvenue, Amélie et les deux garçons instaurant l’instant d’après, sur Infinity, une trame massive qu’allègent ces synthés décidément bien investis. Ce sont d’ailleurs eux qui introduisent, de leurs gimmicks ravageurs, un Lovers alerte, nouvelle réussite de ce nouvel album détonnant. Il y quelque chose de pop, d’une pop triturée et malmenée, balafrée d’élans instrumentaux déviants, dans ce disque, ce que démontre Comfortable problems, excentrique tant dans sa trame musicale que dans l’association des voix. Un riff de basse énorme anime ensuite Under the skirt, semblable à Marvin en son intro, au contenu tout aussi captivant que celui de Greg, qui part d’ailleurs en sa fin dans une accélération de bon aloi. C’est enfin We won’t let you alone et sa batterie assénée qui clôt les débats sur fond de synthés cosmiques, le son se faisant aussi céleste que tranchant, ce qui constitue l’un des atouts de la clique, et permet à Clara Clara de passer du statut d’espoir très en vue à celui de talent confirmé. Excellent disque donc, à écouter fort et de façon plus que fréquente, doté de plus d’une belle originalité. http://www.myspace.com/claraclaraband http://www.clappingmusic.com