NEUROSIS CONVERGE / MOHO Dimanche 24 juin 2007, 56 euros hellfest / Clisson
Je suis loin d’être un fana des grands festivals. Je continue à penser qu’il n’y a pas pire endroit pour écouter de la musique. Mais le dernier Neurosis m’a tellement convaincu que l’envie de les revoir a été plus forte. Depuis 1999 et la tournée de « times of grace » je n’ai pas revu les gars d’Oakland. Cette période d’abstinence commençait à devenir un peu longue. Et comme les gaziers ont clairement indiqué qu’ils tourneraient de moins en moins ces prochaines années je me suis dis que c’était l’occasion (ou jamais ?) de les revoir, enfin !!! Bien sûr l’idéal aurait de vivre ses « retrouvailles » dans une vraie salle mais mon intérêt pour ce groupe a quand même ses limites tout comme mon portefeuille…ben ouais Londres ce n’est pas à une heure de chez moi…contrairement à Clisson ! Neurosis joue donc au Hell Fest dont la programmation est cette année plus que jamais « métal de base » (Megadeh, Dream Theater, Kreator…) ce qui m’a laissé plus que perplexe durant plusieurs semaines avant de me décider enfin à acheter ma place hors de prix. Sous un discret soleil du dimanche, dans une odeur de lisier nauséabonde, on arrive sur le site du festival qui a vu tomber il y a moins de 24h beaucoup d’eau transformant l’espace du festival en champs de boue (classique). Le samedi a été plus clément et a permis en partie de sécher le site, à l’aide de la paille (d’où le l’odeur de lisier ?). Laissant quand même quelques traces d’une grande gadoue ce dimanche On arrive pil-poil à la moitié du set des espagnols de Moho jouant leur sludge noise core qui fait son effet comme sur leurs très bons disques. Le jeu typé noise (Unsane ?) du batteur rend leur musique lourde, assez dynamique, lui insufflant une énergie « stoner rock and roll » bien vue ! A revoir dans un petit club, avec un meilleur son car cet avant goût m’a ouvert l’appétit. Passages par les stands commerciaux et poussiéreux du gymnase, rencontre des copains de passage, coups d’œils par ici, coups d’oreilles par là, histoire de mourir moins con à l’écoute de ces combos death, black, power, heavy, progressifs METAL. Puis bien sûr poursuite de serrage de paluches jusqu’au placement devant la scène où jouera une demi-heure plus tard Converge. Le groupe des environs de Boston fait un line check rapide tout en rigolant des facéties pyrotechniques de Kreator qui joue à ce moment là sur la « main stage ». Converge attire finalement peu de personnes proportionnellement au nombre de spectateurs présents sur le site à ce moment de la journée (19h). Mais dès les premiers accords je réalise bien vite pour quelles raisons Converge est si peu « populaire » dans un festival à ce point typé « métal ». En effet la musique du quatuor est à l’opposée des groupes présents en forte majorité durant ce festival. L’énergie punk hardcore de Converge et la rage qui en découle est finalement assez éloigné de l’esprit presque festif des combos de pur métal. Le contraste est saisissant. Le concert va naviguer durant quarante minutes entre des extraits (entres autres) des albums « no heroes », « you fail me », « jane doe », et deux extraits du « the poached diaries » (split cd partagé avec Agoraphobic Nosebleed qui vient d’être remasterisé et réédité chez Relapse Records). Comme à son habitude Converge se donne à fond. Le blondinet (pour cette fois) Jacob Bannon toujours aussi charismatique dégueule comme il faut même s’il sur joue un peu son rôle de lead chanteur. Kurt Ballou qui a perdu quelques kilos depuis la tournée « you fail me » est très affûté même si le son de sa gratte en façade est franchement limite. Mais ce n’est pas pire que Nate Newton dont la basse resta aux abonnés absents durant tout le set ou presque…tout du moins dans le mix façade. Cela gâche une grande partie de mon plaisir. Mais comme le soulignera Nate Newton quelques minutes plus tard il faut mieux voir Converge dans une salle (à qui le dis tu ?). Pas aidé par un vent qui s’est levé, la puissance de Converge a du mal à déployer ses ailes et à embraser le pit même si un gentil pogo a réussi a se former! Malgré les désagréments climatiques et techniques, je passe un bon moment. Il m’est toujours aussi difficile de résister au set furieux du quatuor toujours en grande forme, en concert comme sur disque !! Les gars de Neurosis présents derrière Converge, « on stage », qui ont suivi une partie du show, ne s’y sont pas trompés. Après avoir raté les poitevins de Klone et les doomeurs espagnols d’Orthodox, après plus de trois heures d’attente, l’arrivée de la nuit, et le retour discret d’une pluie fine, c’est vers 23h que Neurosis monte sur scène pour installer son matos. Des fans et des curieux sont déjà présents pour ne pas rater une seule miette du concert à venir. Mais avant de ce lancer dans leur set d’une heure, le gang d’Oakland doit attendre la fin de Dream Theater. Scott Kelly (guitare chant) et Dave Edwardson (basse) ne cesse d’arpenter la scène comme s’ils bouillaient d’impatience. Steve Von Till (guitare/chant) et le batteur Jason Roeder (qui les années passant continue de rassembler à rien si ce n’est qu’à un simple employé de bureau ??) et Noah Landis aux claviers, semblent tout aussi concentrés, mais restent en retrait. Minuit un quart passé, les gaziers de Neurosis saisissent leurs instruments. Une petite intro aux claviers et ce sont les premiers accords de « giving to the rising » qui plante direct le décor. Le son est massif, puissant, lourd de chez lourd, gras de chez gras…équilibré, globalement bon en ce début de concert, là où je suis placé. C-est-à-dire au milieu du « pit » on va dire. Le son ne cessera pas de s‘améliorer au fil du concert pour gagner au fur et à mesure en précision, en épaisseur et en puissance (encore). Durant ce premier morceau deux trois « gros lourds » viennent faire chier. On peine à les oublier pendant ce début de set. Agacé plus que nous par leurs comportements, un anglais d’une vingtaine d’années décoche une grosse droite au plus pénible d’entre eux. On ne les reverra plus…Ben ouais l’atmosphère est tendue ce soir pour Neurosis. Et ce n’est pas les morceaux qui s’enchainent parfaitement qui apportent une éventuelle « légèreté ». Une femme d’une quarantaine d’année super perchée crie comme elle peut ce qu’elle ressent tant la violence musicale déployée semble l’oppresser. La petite dame préfère abdiquer et quitte la place tout en continuant à gémir. Elle n’est pas la seule à rebrousser chemin. Des personnes qui semblent dans un bien meilleur état psychique (on va dire) reculent à leur tour sous le poids des coups de butoirs Neurosien. Lors de la dernière demi heure j’aurai la sensation d’être largement moins serré parmi ces premiers rangs !!! Et cela bien avant qu’Emperor entame son set sur la scène principale. La violence sourde ou complètement lâchée qui traverse la musique de Neurosis ce soir est bluffante. Les émotions qui parcourent les morceaux sont décuplées. Si les deux premiers morceaux mettent la machine en route, c’est avec un dantesque « to the wind » et un Scott Kelly possédé que le concert bascule dans un « autre chose ». La pluie s’abat alors de nouveau sur le site et donc sur ma gueule. Le noir quasi complet qui entoure la scène de Neurosis, ainsi que la boue dans laquelle je piétine font que l’environnement rejoint la musique hostile qui est diffusée. Une atmosphère quasi glauque s’imprègne de l’endroit. L’instant est saisissant, troublant même. Appuyé par ses vidéos « nature et découvertes » noir et blanc (limite sépia) pas forcément toutes très pertinentes à mon goût, Neurosis continue à faire monter d’un cran sa musique à chaque morceau jusqu’au final d’une rare violence durant laquelle Scott Kelly s’ouvre le bas du front avec son instrument. Son sang coule le long du visage. Effet garanti ! Pour la set list ne me demande pas. Mais l’essentiel du dernier album a été joué tout en passant bien sûr par deux, trois vieilleries. Le ton général étant assez proche du dernier opus…si tu vois ce que je veux dire. Quelques secondes s’égrainent avant que je -reprenne mes esprits- à la fin du set de Neurosis. Limite abasourdi je retrouve les copains. Histoire de boire un dernier coup en matant un morceau d’Emperor et son black métal insipide. Je ne suis pas près d’oublier mes « retrouvailles » avec Neurosis !!! Je me suis régalé. http://www.neurosis.com http://www.hellfest.fr