JOCARI Intimacy Ruins autoproduction 2006
Guitares acoustiques évoquant lointainement les lointains asiatiques… On ressent un effet apaisant, une impression de solitude… on est plongé dans un univers très intimiste. C’est comme ça que commence cet album autoproduit de Jocari. Et lorsqu’après plus d’une minute et demi instrumentale, la voix prend place, on ressent d’abord une petite déception. Parce que la voix rompt ce sentiment d’intimité. Parce que ce n’est pas la voix qu’on attendait. Parce que ce n’est pas forcément la voix qu’on avait envie d’entendre. Parce que sur ce premier morceau la voix a de fort relents de cold wave (dont on n’est pas forcément fan – question de goûts), et que les connotations sont tout simplement beaucoup plus urbaines. Parce qu’on comprend trop les paroles, et qu’on n’a pas forcément trop envie de les comprendre. On se trouve donc chassé de cet univers bucolique. Qui nous avait d’abord piégé. Mais heureusement, la suite corrige le tir, et comme de façon progressive… On se voit ramené, peu à peu, dans un univers intimiste, doux, doucement triste, mélancolique (sans que ce soit caricatural)… Et on peut – peu à peu – se reprendre à rêver. Et si la voix est (pour moi) un obstacle sur le premier titre, elle tient ensuite sa promesse, celle de faire émerger des ruines intimes… Et de toute évidence, le registre pop (au sens large) est celui qui participe le mieux à (et de) cet univers. Instrumentalement, les choses bougent peu. Des guitares folk acoustiques ou électriques en son clair (toujours très bien produites), une basse assez discrète, des flûtes naïves (ce n’est pas péjoratif !), des percussions minimalistes et sautillantes. Et je ne sais trop pourquoi, ce disque offre à son auditeur un don d’ubiquité… un peu comme si on pouvait être à la fois dans les campagnes de France et au Touva… Un très bon disque mélancolique donc, et dans lequel le folk ne se fait jamais passéiste.