DOS la sala rossa, dimanche 25 juin 2005, 15 dollars Montreal

Décidement, un jour, la traduction française du livre de Carducci en français sera entreprise et sûrement augmentée de nouveaux textes, de nouvelles images et surtout de nouveaux sons. Les vieux croiseront les jeunes. Les innovants resteront innovants. Et hommage, il faudra bien leur rendre. Pas un hommage avec génuflexion. Que non. Mais bien les remettre en chemin dans cette Amérique mystique. Et mille fois hélas, ce livre (en ces deux éditions qui diffèrent l’une de l’autre) est bien indispensable pour renouer toutes les scènes qui nous paraissent vues d’Europe, et sûrement vue de France, comme des sectes se combattant les unes et les autres. Complémentaires. Dans l’espace. Dans le temps. En dialogue. Enrichissant. C’est comme cela que Mike Watt se retrouve à jouer dans les stooges version 2005. Bref, difficile de comprendre sans Carducci. Difficile de n’y voir que juste une histoire de fric. Comment un ancien Minutemen peut se retrouver à jouer pour Iggy Pop en 2005 ? Carducci, c’est un peu l’histoire secrète du rock en Amérique. Le croisement des influences indiennes aux cultures disparates et fortement religieuses, avec ce mélange cajun et « canadien français ». Ce melting polt d’allumés. Cette terre promise, ce Paradis qui se perd à Wounded Knee, Le nouveau Paradis s’enfonce en Californie. S’arrête en 1969 pour certains avec La Famille. Le paroxysme messianique du rêve américain. Pour d’autre avec l’assassinat d’un certain JFK. La fin de la bonne foi… Ou encore pour certains sourds –aujourd’hui- avec l’explosion de la pire vague punk. Qui ré-ingurgite toutes les cultures populaires nord américaines pour les déformer, les rejeter et les pervertir. Minutemen en fut en son temps un bel exemple. Un des plus artistiques. On peut comme moi préférer saccharine trust ou black flag, on ne peut pas nier la poésie abrupte du Minutemen. Je vous y reprends pas. Libre à vous de vous faire une idée. Libre à vous de connaître l’histoire ou non. D’y attacher une quelconque importance. Jazz. Punk rock. Mexico rock. Latinos. Boogie. Cajun. Navajos. Cash. Johnny. Kérouac nous revient direct. Et d’autres. Les couches se mélent et se mélangent. Ainsi, avec Kira, plus reconnue comme jeune et frêle étudiante bassiste du black flag, Mike Watt repartage sa saine approche d’intellos qui fait que le rock est pas juste un truc d’imbéciles. Un temps suspendu. Presque sacré. Le temps du DOS, un duo de deux individus, deux bassistes de leur état. Après une mini tournée dans le ROC en 2004, les voilà qui arrive à la Sala Rossa pour un set très attendu pour ma part. En tout cas plus que les projets solos du dit Mike (dès fois je suis sacrément bête). Avec le souffle divin de la ghost dance, vent sacré de la Californie, lieu dit du Paradis Perdu. Un dimanche soir. Chaud, humide, et lourd de chez lourd. Orage. Allons prier. Nous rapprocher du souffle de la bête. Du son pour les peuples. C-est pas possible. Sur le trajet, les affiches du concert de DOS indique 19 h 30. Oh putain, je suis mort. Il est 21 h 30. Inutile de courir. Je crois bien qu-il y a une première partie. Mort pour mort. Autant pas se presser avec cette chaleur de fou. On verra bien. Fait chier. Bon, on ouvre les portes de la sala. Personne dans le couloir. Quoi un rang de chaises. Du monde en train de regarder une projection vidéo. Hein ? Je me suis encore planté. C-est pas à la Sala mais à la Casa juste en face. Merde. J-arrête pas une seconde de tout mélanger. Une oreille. Ben si, c-est là. La vidéo, c-est un truc sur la vie des minutemen, un truc sur d. boon et sa petite compagnie. J-en vois juste cinq minutes, les dernières. Le punk rock a changé ma vie. Joe Strummer. Le punk rock a changé ma vie....assis par terre, tam tam, guitare, basse. À rire. Ouais, c’est ben vrai. On était tous des trous de cul, des morveux, sans rien dans le cerveau.... et le punk rock a changé nos vies, ouvert nos horizons. Bon dommage pour moi, j-ai raté la télévision grand écran. Pas grave. Vidéo finie. Le documentaire econo-Minutemen. Les gens se barrent, une bière, je pars m-asseoir devant. La salle est comme d-habitude tout en rouge, l-éclairage fixe, le plafond haut. Très rococo tout cela. Le MIke Watt arrive sans rien dire. Discret. Dans ses converse en fin de vie, son jean délavé et sa belle chemise à carreau bleue. Sans moustaches. Il branche sa basse là-bas dans le fond à gauche. Puis v-là la Kira. Pantalon noir, fendu en bas et chemise dorée marron presque une Esméralda. Toute discrète. Les quatre barres sur l-épaule. Toutes minuscules. Presque invisible. Génée. Timide. Le complexe du ne pas être là. Sans confiance. Alors, cela commence comme cela. Revoilà du minuteflag. Du sst. dans sa version progressive. Allumée. Toute en guitares ? Hein quoi. Deux basses. Une belle bleue pour Kira en avant. Les lèvres pincées. Rictus. Tendue. À sauter partout. À courir la scène. En jouant. En tapant. En surveillant d-un oeil. Mike Watt. Qui sur sa basse marron clair. Tape la rythmique. Se réveillant sauvage. S-endormant accroché à ses cordes. Pas bougé. Juste suivre Kira. 30 minutes. Pas un mot. Et là, le visage de Kira s-ouvre. Sourire. Hein comment les gens aiment cela ? Ils ont du plaisir à écouter ? Ils applaudissent ? Hé Mike....Alors Mike, il s-approche du micro et en français nous remercie d-être là et de notre support....Et paf c-est reparti avec joie. Basse contre basse. Blues. Terrible. Tensions. La basse comme une guitare. Les faire cracher. Taper dessus. Crier et chanter. Harmonies. Lourdes. Puissantes. La seconde partie se déchainent. Pur plaisir. Free. Punk. La plupart de l-album Justamente Tres (kill rock stars) y est passé. Soit disant calme. Y a dix ans. Le temps pour Kira de prendre confiance. De s-affirmer un peu. De se lacher. Le concert finit tranquillement. Avec sourires. Et choses surprenantes, une file de fans se forment pour faire signer son exemplaire du livre de Mike Watt publié chez les Oies de Cravan qui -coproduisaient- la soirée. Des nostalgiques du Black Flag trainent eux-aussi. Allez ! Une bière et je rentre. 22 h 30. Sous la chaleur sur le trottoir. Je croise Chris qui lui sort du concert de NO FX. Ah maudit punk rock qui a changé nos vies ! http://www.hootpage.com