Ronan COURTY synesthesia (Ormo Records 2025)

Ronan COURTY joue de la basse dans NO TONGUES, assis sur son tabouret, au fond, côté jardin, il montre à chaque concert sa grande ingéniosité et ses talents pour expérimenter et trouver d'autres chemins. Je l'ai déjà vu jouer avec Will GUTHRIE, il aime la rencontre et n'est pas obtu dans sa conception de la musique. Il joue ainsi avec Cabaret Contemporain un groupe de rock indie bien plus accessible que ses autres projets (à ma connaissance). 

On le retrouve ici en solo dans un nouveau projet autour de la basse, qu'elle soit caressée à l'archet ou brusquée, utilisée et décalée à l'aide d'autres ustensiles possiblement sonores ou détournés de leur fonction principale (baguette de xylophone et en gros tout ce qui approche de ses mains...).

A l'instar d'un Gaspar CLAUS (violoncelle), Ronan COURTY aime greffer à son instrument d'autres outils technologiques, pédales, boucles, synthé... disons un peu d'électricité... 

Le premier morceau de dix huit minutes a été enregistré dans une chapelle en une prise. Sortez l'archet et ses longs frottements, sortez le grave et la réverb' de la chapelle, sortez le rythme et sa dynamique, les harmoniques s'entrecroisent et laissent apparaître un climat autant inquiétant que relaxant. Je ne dirais pas qu'il y a ici recueillement, c'est plus un drone qui frise par endroit, on ferme les yeux et on profite de l'espace engendré par la résonance de la chapelle.

La seconde pièce reprend les codes du premier morceau 'synesthésia" un synthé modulaire vient modifier la perspective et des sonorités plus froides tendent à créer une ambiance bien plus pesante que sur le premier morceau. Une boucle qui tourne, des éléments électroniques sobres mais présents et qui oppressent l'auditeur dans un long crescendo avant de revenir à une forme de plénitude plus nostalgique en fin de disque. La boucle est bouclée, l'expérience réussie, reste plus qu'à le vivre en concert.
 

 

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