MY BLOODY VALENTINE 23 juin 2008, 19H Roundhouse, Camden Town, Londres

LONDRES, 23 juin 2008, 19H ; le grand soleil du soir vient border mon impatience, celle de rentrer enfin dans cette salle mythique qu’est le Roundhouse, Camden Town, London. Il n’est que 19H et déjà je suis là, sans trop savoir à quoi m’attendre. Alentour, une foule, dispersée, assise par endroit, bien plantée sur les marches de l’entrée de la salle ; comme moi, ils patientent, tranquillement pour certains, nerveusement pour d’autres. Il était temps qu’ils reviennent. Il était temps qu’on rentre enfin. 19H30, le coup de sifflet est donné. Tous dans un grand hémicycle, pinte à 4 livres dans la main, déjà pressés contre les barrières de sécurité. Le ton est donné rien qu’à la vue du plan de scène : deux colonnes d’amplis Marshall, énormes , en plein centre. On nous avait prévenu du show cyclo-sonique, et ils ne nous ont pas déçus. Première partie plutôt sympa, un jeune gars (un des Graham Coxon), seul, avec sa gratte et sa pédale sample, s’amusant à distiller échos, larsens, dans le style sonic youth-mogwaï. Bien accueilli par le public, plutôt agréablement surprise de cette entrée en matière. Il quitte la scène vers 20h45. Le dj du Roundhouse commence son set pour nous faire patienter encore un peu ; déjà une demi heure de glande, la foule commence à ne plus tenir. Des cris s’échappent d’un peu partout ; personne ne sait s’ils se pointeront. Incertitude ambiante, frénésie croissante. La salle est pleine à craquer, amplitude d’âge 18-50 ans. Tout est prêt, mais ils ne viennent toujours pas. Le dj repasse son set, tout ça ne sent pas très bon. Enfin , ils arrivent. Belinda sur la gauche, toute vêtue de blanc, au centre, le batteur et la bassiste au premier plan, sur la droite Kevin Shields, tous quasi inchangés. Pas de bonsoir, ils attaquent sans demi mesure par un « I only said » complètement dément, jeu de lumière sur variations de bleu abyssal, vidéos projetées sur l’écran qui les surplombe. Mais c’est en entamant « Only shallow » que l’ambiance est enfin posée : la foule se déchaîne, les yeux rose électrique, l’enthousiasme se répand, rythmé par le mélange subtil des sueurs extatiques. Enchaînement de titres des très bons Isn’t anything et Loveless, un son hallucinant, déferlant, provoquant l’effervescence générale. Jeu de scène minimaliste, calme surnaturel de Belinda, acharnement cymbalin de Colm O’Ciosoig, pendant que Debbie Goodge et Kevin Shieds se déchaînent sur leurs instruments respectifs, testant sans relâche la résistance de leur matériel. Jusqu’à cet extraoridinaire moment où ils ont joué « Soon » ; jamais une telle communion de corps si étrangers n’avait été alors ressentie ; sentiment de symbiose, le temps n’existe plus ; je suis dans l’ espace-son. Expérience quasi métaphysique enfin avec l’ultime « You made me realise » ; version spéciale de 35 minutes, dont 25 de bruitages en tout genre, saturation grandiose, à la limite de la douleur. Chamanisme sonique. Ils sont partis comme ils sont venus, concentration extrême, là pour exposer leur philosophie du son, quand la saturation portée à son comble vous emporte dans ces éthers dont on ne sort jamais indemne.