CHARLOTTEFIELD SINCABEZA / BECKFORDS vendredi 27 octobre 2006, 5 euros salle Emeraude, Bressuire

CHARLOTTEFIELD_SINCABEZA / BECKFORDS_vendredi 27 octobre 2006, 5 euros

L’asso Boc Hall nous régale une nouvelle fois dans le nord Deux Sèvres avec la venue de Charlottefield, prometteur groupe émo hardcore noise de Brighton. La salle Emraude on ne la présente plus. Taille, acoustique, emplacement et ambiance idéale. Le rêve de tout amateur de musiques d’une ville de moyenne importance bien emmerdé avec sa Smac qui sert à tout, mais surtout à rien. Ce soir petite audience, environ une bonne trentaine de personnes. Mais comme la fin de l’été n’en fini pas de se terminer une chaude ambiance sera bien palpable tout le long de la soirée. On ne s’en plaindra pas. Le combo néo parigos bressuirais (avec du Woman Only dedans) ouvre les débats avec post rock mâtiné de noise, ou inversement si tu veux. Les deux guitares et la batterie sonnent encore un peu « jeune ». L’ensemble manque de liens entre les différentes parties des morceaux. Une frappe à la batterie plus nerveuse aiderait aussi à marquer une assise rythmique encore perfectible. Oxes, Room 204, Dianogah peuvent éventuellement venir à l’esprit à l’écoute de ce set prometteur. A suivre. Les bordelais de Sincabeza remplacent aux pieds levés Room 204 qui a du annuler pour des raisons personnelles. J’avais vu le trio au printemps dernier lors d’une soirée à l’Olympic de Nantes avec Passe Montagne, Chevreuil et l’incroyable L’Ocelle Mare qui m’avait complètement retourné ce soir là. Pas très à l’aise sur la grosse scène de l’Olympic, Sincabeza avait joué un concert qui m’avait laissé sur ma faim alors que j’avais fort apprécié leur premier album. En même temps il faut préciser que le sonorisateur avait omis de monter le potard de la guitare pour le son façade. Bref je n’étais pas mécontent de les revoir dans d’autres conditions à savoir calé dans un coin de la salle à même le sol. Sincabeza va nous servir sur un plateau d’argent son post rock dynamique, pas forcément audacieux, mais d’une grande maîtrise avec un batteur chaud comme la braise, multipliant breaks, contre temps, et relançant avec une sacrée vivacité les phrases musicales particulièrement élaborées du trio. Les nouveaux morceaux possèdent une force dynamique qui me font chavirer. Je reconnais à peine le groupe que j’ai vu il y a quelques mois. La Gironde est en crue mais on ne nous l’aurait pas dit !? Très bon concert ! Vivement le second album à sortir début 2007 sur Distile Records (Looking for John G). Puis s’installe les anglais qui ont longuement suivi le set de Sincabeza. Eux aussi choisissent de jouer sur le sol plutôt que sur la petite scène de la salle Emeraude. Bien leur en à pris car le public se colle à eux pour ne plus s’en défaire avant la fin d’un set dense et puissant…dans le genre. On devine de suite que la batteur au milieu du groupe doit avoir au moins quinze ans de plus que le bassiste qui est à sa droite. Si le vieux frappera ses fûts avec une classe folle tout le long du concert, tout en engueulant gentiment ses compères entre chaque morceau, autant le bassiste restera quasi stoïque, son instrument callé au niveau de la poitrine, cherchant presque ses notes pour les jouer au plus juste. Le guitariste chanteur barbu, pied nus avec son vieux t-shirt usé de Daniel Johnson, reste dans son coin, et nous sort de sa Fender les petites mélodies dissonantes qui rendent tour à tour les compos de Charlottefield mélodique ou noisy. Le second guitariste, pas bien épais, les cheveux en pétard version Curiste, est bien dans le coup lorsqu’il faut balancer des couches de saturation bien senties qui emballent le tout parfaitement. Durant le set des anglais j’ai cru assister au concert de Crownhate Ruins que je ne verrai jamais, tant les nouvelles compos m’y font penser dans ce mélange d’émo hardcore tendu post Hoover/Fugazi et frissons noise post « Chicago sound » !? Charlottefield n’en fait pas des tonnes sur scène, seul le batteur impressionne réellement par son jeu élégant, plein de finesse et d’une vélocité rare. Il me rappelle celui de Neil Turpin (batteur de Polaris) ou encore celui de Doug Sharing dans June Of 44. A l’aide de l’insistance d’un public sous le charme on obtient un rappel (c’est exceptionnel d’après le groupe ravi) qui nous achève de la plus belle des façons avec le morceau le plus « noise rentre dedans » de leur premier album sorti en 2005 sur Fat Cat. Charlottefield ne réitéra pas pareil concert le lendemain à Saint Herblain en compagnie de Jel et Part Chimp. La route du retour vers Nantes en compagnie de Bass (du webzine Exit, merci encore à lui) passera bien vite comme la nuit à venir, les oreilles bourdonnant encore des effluves sonores de cette belle soirée Bressuiraise. (en photo : Sincabeza) http://www.boc-hall.org