BORIS Sunn o))) Altar Southern Lord 2006

BORIS_Sunn o)))_Altar

C’est marrant… il m’arrive, avant d’attaquer une chronique (et souvent après), de faire un tour de ce qui se dit ailleurs du même disque… Et là, stupéfaction. En tapant « boris sunn o))) » dans le moteur de recherche… je tombe sur une chronique (et des nues…) parue dans Libération… Merde ! Le drone / doom est bien la nouvelle tendance ! Et je ne m’en étais pas aperçu ! Ma honte ravalée, je constate avec plaisir que cette chro – comme on dit par nous – contient quelques clichés et approximations sympathiques propres à la presse grand public… O’Malley est présenté comme « patibulaire » (ben ouais, c’est un métalleux aux cheveux longs), alors même qu’il doit passer dans les milieux extrêmes pour un type tout propret, trop raffiné, trop cultivé (je rappelle qu’il a accompagné Oren Ambarchi sur quelques dates de sa dernière tournée)… Ensuite ça part sur un délire… les fans des deux groupes ont peur ! Comment peuvent se marier Orient et Occident, comment peuvent fusionner deux styles aussi incompatibles ?! Comment peuvent se marier la musique tout en roulements de Boris et la lenteur de Sunn ? Ah, ah !... Il me semble pourtant que Boris n’est pas reste en matière d’albums lourds et lents… Et qu’il n’a pas attendu Sunn pour faire le drone le plus gras du monde… Bref ! Boris et Sunn font enfin, non pas un split, mais un album ensemble ! Un album qu’on ne va pas cerner à moins de l’écouter en entier… Premier morceau… je ne vois pas la différence avec du bon Boris : drones de grattes et roulements de batterie post apocalyptique. Même ambiance que sur déjà pas mal de morceaux passés. Classique. Suit un bref épisode dronesque façon Sunn. Classique encore. Troisième morceau… Merde ! Ca a changé de disque ? Vraiment, j’aurais été moins surpris si c’était un morceau de My Bloody Valentine ou de Sonic Youth (façon pop)… Oui… il y a un chant, une chanteuse ! Hum… ç a allège bien la formule ! Suivent quelques délires voccodés façon Joe Preston (et Throne) – reconnaissable sans peine (et qui nuisent à la cohérence de l’album)… Mais à mon avis, le meilleur titre de l’album est Fried Eagle Mind… Voix féminine discrète, guitares claires et réverbérées, basse traînante, bruitages merzbaldiens en retrait, tout est là pour une atmosphère doucement triste et qui prend le temps de durer… Dans un style qui n’est ni vraiment celui de Boris, ni celui de Sunn. Du coup, le morceau final retombe, c’est sûr… Quoi d’autre ? Outre Joe Preston, notez aussi la présence d’invités de prestige : Jess Sykes (Jesse Sykes And The Sweet Hereafter) et surtout Kim Thayil (Soundgarden) ! En fin de compte (et d’album), on a plutôt l’impression d’avoir écouté un nouvel album de Boris, un Boris qui n’est jamais là où on l’attend… Trop sage, trop conventionnel, mais quand même très prenant par moments – à défaut d’être un grand album, c’est un bon album, comme d’habitude… http://www.southernlord.com