DOMINIQUE-EMMANUEL BLANCHARD ET JEAN YSSEV AVEC BERTRAND CANTAT Noir désir et l-expérience des limites Le Bord de l-eau Édition, juin 2003, 185 p. 20 euros.
Je vous dirais pas comment j-ai croisé un jour B. Cantat et ses noirs désirs à leurs débuts et à la fin exemplaire des exemples. C-était une nuit d-ennui à Andernos les Bains. Éh oui, ce village existe et à l-époque y avait le Neptune, une boite assez mal famée. Bref. Il faudrait évidemment parler de tout ce Bordeaux du début des 80, tout mythique et tout fou : de la Place de la Victoire, de la rue ste Catherine aux quais. D-une première scène rock, punk, underground de France. Avec ce côté anar hérité des Républicains, de l-Ouest socialiste, révolutionnaire et bourgeois décadents du quai des chartrons. Bref. Quand le rock à Bordeaux se rimaient avec ST : standarts (victime du lavomatic?), stilletos, single track (qui n-était pas de bx), stillers (le meilleur groupe punk de France), camera silens (le seul et unique vrai groupe street punk), exemples, scurs (too much mod for the sixties?), parfum de femme (à l-unique 45 rock flamboyant), etc. C¹est vrai. Je suis un peu nostalgique de ce Bordeaux du Slash, petit magasin de disques et de fanzines, caché dans une ruelle derrière la Place de la Victoire, des Hello Happy Taxpayers, des On n-est pas des sauvages; quand tous ces disques et zines étaient neufs, directs sans vulgates préfabriquées, pas chers et surtout sans l-étiquette d-un mouvement x contre un mouvement lambada. Bref, un sacré bon vieux temps où se télescopaient les découvertes artistiques du cru dans un grand foutoir du sud-ouest où dès 77, le festival de Mont de Marsan avait donné le grand dorémifasol du punk sur Rance avec Zermati et cies . Ce bouquin est sorti en juin 2003. Le point à la ligne ne concerne pas tout le battage de femme ou plutôt le sordide d-une histoire de stars. Il faut dépasser ou plutot contourner tout ce flot médiatique de merde pour s-en tenir au livre, à cette entrevue sur 6 cds, soit environ 185 pages. Le ton est correct avec des commentaires à part sur le Bordeaux des bites à Chaban, un grand maquisard du Bordelais qui dénatura l-intérieur populaire du Bordeaux pour en achever la gentrification; les questions sont directes, franches et sans langues de bois, brutes de rouge, les réponses du Bertrand Cantat pas mal claires, poètiques et sans évasifs. L-impression est que ce livre croise des monologues, les auteurs, intervieurs (comme on dirait en France) birfuquent sur Bordeaux, sur ce coin assez unique de France, sur le rock, tandis que Bertrand Cantat s-enfonce dans la clarté d-explication. Reprend son sens et élude à coups de petites remarques le mythe construit autour de sa petite personne. Beau livre qui d-une manière certaine, permet de toucher le sacré du Bertrand Cantat, son intelligence et sa finesse; sacré qui depuis les derniers événements a été rayé et noirci pour disparaître. Un recueil de ses paroles, textes, etc, devait paraître. On a, on possède, on tranche et on mange ce précieux livre à la place. Mais finalement, tout cela n-est « pas bien grave »... Un mot sur la maison d-édition. Loin, très loin d-une vulgate rock, cette maison d-édition a un engagement politique assez prononcé. Libre à vous d-y adhérer ou non, n-empêche, Le Bord de l-eau Édition a sorti ce livre; encore un petit effort, camarades! http://www.editionsbdl.com