MYRA LEE 2 rejuvenation records / Theatre records / La Machoire 2007
Poitiers ? Deux minutes d’arrêt qui n’en finissent plus…Une gare retapée sur un marais et un champs de ruines humaines. Ville médièvale, coincée entre deux cours d’eaux. À l’abri des regards et passage entre la plaine du nord et le grand sud ouest ouvert à tous les vents et clos sur tous les Chouans. Sans trop de personnalité. Une grosse bourgeoisie de « fonctionnaires » étatistes. Un bas peuple, lumpen prolétariat et des champs, des forêts, des champs, la campagne.… Un microcosme assez étouffant de ce qui se joue partout en francophonie. Une ferme fortifiée et bétonnée face aux barbares et autres classes laborieuses. Un power trip post 68. Finalement. Une gauche de robe qui a découvert le « socialisme » le jour où il a pris le pouvoir et dont la section mis son Compere Morel aux oubliettes dès 81. Une gauchedroite de notables éternels. Tous les paradigmes d’une fin en son sein et d’un étouffement sur place qui paralyse toutes les initiatives. Pour laisser place à nos « dynasties » bourgeoises de droite et de gauche. Nos maîtres. Comme dirait E. Todd, la « neutralisation du suffrage universel ». Pas juste en 2007. Dans les gênes de la féodalité…Poitiers…Ce fut l’une des dernières fédérations socialistes à être fondées en France, puis d’aller de descente en descente du Rassemblement populaire au Rassemblement national. On aurait pu dire : Plus Jamet cela ? Une fédération socialiste de la Vienne sans ouvriers tant la Vienne était à cette époque un grand centre industriel… Aujourd’hui, les bobos notables votent socialistes et font une révolution de caviar en tailleur Chanel dans un mini Élysée clos sur lui même. À Poitiers, la révolution ne sera ni télévisée, ni spontanée : elle sera organisée par le service administratif aux révolutions spontanées en happening mondain…Qu’est-ce qui peut expliquer ? Comment sentir ce flou, cette noirceur du dernier Myra Lee ? Poitiers ? Tellement serrée ? Tellement entriste ? Tellement gauchie ? Tellement 1984 ? Tellement bourgeoise que cela se peut plus car même les anar’ font partie du décor…Un terrain de jeux pour fils à papas ? Peut être et surement. Michel Foucault en parfait représentant ? Sûrement tant c’était lui-même un stéréotype, un prototype pour les futurs enfermements (tout de cuir vétu d’un bordel à un autre). Garaudy aussi dans un autre sens. Ou encore ce procès perpétuel pour sorcellerie (la Pucelle perdue dans ses pas au Palais des Comptes/Comtes)…ou encore cette place de la liberté où le piloris et la loge francmac font place commune. Tous les extrêmes poitevins. Du prince aux punks dans le même remblais. Rien à faire. Cela colle parfaitement à la réalité. Rien à faire, la boue est la même partout. Alors, c’est quoi la ressemblance ? Frappante ! Qui claque quand tu mets ce cd. Je pense tout de suite à Uranus. J’y trouve une ressemblance frappante, pas juste sur le coté de la musique, mais aussi sur l’esprit et cette façon de réagir à Ottawa-Québec ou à Poitiers. Ce même blocage et cet étouffement dus à cette partie de chasse tout en ombres bien officielles. De cette comédie du pouvoir si proche et si lointain. Tellement flagrant. Tellement pratiqué par la droite ou la gauche aux détriments de tous. Myra Lee sort son 2, comme on foncerait dans le mur ou comme on se ferait fusiller pour rien par un Lucien Lacombe aux services de toutes les causes –bonnes ou mauvaises-. Par nihilisme. Pour l’ultime victoire ? Par Pyrrhus ! Comme une union d’anus, de trous de culs sur le théatre d’un nouveau monde, parodiant encore et encore la même comédie. Une belle équipe autour avec la Rejuve-nation ( « l’avenir de la nation » comme chantait la souris…et sûrement un des labels français les plus exictant du moment…), le Theatre records du jeune vétéran Greg (éh éh éh) et La Machoire, l’assoc aux dents pourries qui crachent ses concerts « locaux » et d’autres. Sans complexe (jusqu’au master de Thomas des Unlos qui ajoute une petite touche maitrisée !), un gros hardcore, noisy très proche de Uranus, qui fleurte la tragédie et l’envie de tout péter, mais avec un coté, je dirais presque : festif et expérimental par moment. Un truc chopé (je trouve) du coté de Loisirs ou même de Microfilm (ou de Der Komsk –qui se souvient à Poitiers de ce bon groupe nowave/noisy sans tenir compte des personnalistés et des quand dira-t on ? ) qui fait la différence et la marque de Myra Lee. Pour moi, un très bon deuxième cd, mature, original, à classer entre Uranus et Cobra Noir. C’est dire. La pochette est aussi sombre que la musique. Myra Lee sort son 2 comme on leur donnerait de la corde pour qu’ils se pendent eux-mêmes. Extra ! http://www.myspace.com/theatrerecords http://www.rejuvenationrecords.com