Hommage à Thierry Tanguy (1972-2024)

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Je pensais avoir surmonté l'annonce, je l'avais planquée dans mon slip, sous mon pull, dans mes chaussures mais c'est en revenant sur Rezé qu'un torrent de souvenirs m'a envahi.
 
Ce dimanche 22 septembre j'étais au "festival de la mort" à Rennes organisé par mon pote Greg N. en plein 'banquet de l'au-delà' à l'église du vieux Saint-Etienne, juste au dessert, quand Nico m'appelle, il était 15 heures peut-être, j'ai attendu qu'il laisse un message car bon, la chorale chantait la fin du festival... Nico c'est le pote de Thierry depuis le collège à Hennebont. Nous, on s'est connu à la Fac à Lorient en 90. Bizarre, pas de message sur le répondeur. Après le spectacle-repas, direction rue d'Antrain où l'envie de revoir Gwen, LN, Lester nous prend avec Fab, séance Rififi avec dégustation d'alcool fort. On a le temps, c'est cool. Nico a eu Lester entre-temps, qui lui même m'appelle : mauvaise nouvelle... Thierry Tanguy...
 
Avec Thierry, c'était quitte ou double, il pouvait autant faire chier que nous faire partir en marrade pas possible, parfois à pleurer de rire, les larmes aux yeux. Car faire marrer tout le monde, ça sauvait bien des choses de la vie. Car la vie, elle t'en a donné à voir celle-là. De questionnements en questionnements, pas de réponse, où des trucs enfouis qu'il fallait taire. 
 
En 93, à Brest, on s'est retrouvé en cité U à faire nos études, même étage, avec Nico. Je me souviens d'un couscous pimenté avec Nabil et Cyrille, on écoutait Mutine le mardi soir et le jeudi, je ne compte plus les soirées crêpes bières à écouter toute cette Noise dont tout le monde se branle... 
On a commencé à acheter chez Tim Adams, chez AJAX, à Chicago, chez BLACKLIST aussi, beaucoup, GOD HEAD SILO, DAZZLING KILLMEN, UNSANE... On n'avait pas de thunes mais on en trouvait quand même pour passer à la banque de France pour échanger les francs en dollars. Le lundi, dès qu'on arrivait à Brest, on taillait rapide rue de Glasgow, chez D3, pour voir si on pouvait trouver quelques galettes à se mettre sous la dent. Un trésor ce disquaire, tout comme chez Dialogues où Bernard nous conseillait sur des vieux trucs cool. On prenait ta visa marron pour aller sur Rennes aux concerts Kérosène à l'époque (kfuel depuis) . Quand HAMMERHEAD demandait s'il y avait des gens de Brest dans la salle / aux Tontons Flingueurs / on avait gueuler 'yeaaahhh'. ONE ARM à TREGLAMUS, BOO RADLEYS sous la mairie de Brest (T'es pas monté sur scène là ?), PROHIBITION, DOG FACED HERMANS, JESUS LIZARD, SHORTY, US MAPLE, COWS, THE EX, PLAINFIELD, etc...et LE CONFORT à Poitiers bien sûr, NEUROSIS UNSANE... partout on bougeait. Thierry avait pris l'habitude de monter sur scène à chaque concert ou presque.
Après ton DEA, retour aux sources. Au secours, c'est  LORIENT. On s'y faisait chier à LORIENT. J'étais pion à QUIMPER la moitié de la semaine, avec Greg, tu as lancé Sans Tambour Ni Trompette à la radio sur Méduse, je vous y ai rejoint, tu y es resté 4 mois et on s'est éloignés début 2000 quand tu es monté sur Paris pour étudier en école d'ingénieur. Les programmes en C++ pour gérer le métro, ça te gavait royalement, on discutait sur Soulseek, grande époque du streaming. C'était déjà un as pour dégoter des purs disques sur internet. Chez lui, c'était Byzance pour qui était passionné de Noise et de rock. La seule correspondance peut être de ce genre de personnages que j'ai trouvé au détour d'une lecture musicale, c'est ce JON THE POSTMAN qui montait sur scène fin 70 dans les clubs de Manchester à l'époque de JOY DIVISION / BUZZCOCKS, c'était ça le FRACASSE comme on t'appelait à Rennes... A Paris, tu as fait jouer nombre de groupes avec ton asso GTOK GTKO (T pour Thierry), créé ton label TDTB et puis tu es revenu en Bretagne, dans le Nord cette fois, pour vivre une nouvelle vie. Création d'une crêperie / concert puis d'un magasin de disques et enfin tout récemment d'un bar/disquaire sur Lannion avec ta nouvelle compagne.
 
Blagueur, c'est sûr, Thierry l'était, avec un œil vif et un pouvoir de calcul éclair pour te faire marrer dans la seconde. Savoir mettre un grain de sable dans la roue de la vie, c'était son dada. Un empêcheur de tourner en rond, capable de miser sur n'importe quel cheval juste pour faire rire son prochain.
 
Aujourd'hui, les concerts ne seront plus les mêmes, les marrades moins intenses, les souvenirs hyper présents avec un goût de nostalgie que j'aurais bien aimé ne pas connaître de si tôt. 
 
Courage la famille.