CLAIR OBSCUR We gave a part for the gods and the gods all came cd Optical Sound 2009
Dix ans après leur dernier effort, et surfant sur la vague de la réédition (superbe idée signée Infrastition) de plusieurs de leurs albums dont certains sont de véritables classiques, cultes et précieux, les frères Demarthe nous offrent, sous la forme de ce nouveau disque étincelant et régénéré, une œuvre superbe et majeure, qui remettra à leur place nombre de formations se réclamant d’un courant cold inégalement maîtrisé, et investi, par les groupes auxquels il sert de « tremplin » dans l’élaboration d’un univers personnel et un tant soi peu original Ici, l’originalité est de mise, la surprise aussi, Christophe et 842 s’écartant nettement des penchants symphoniques d’antan pour imposer une trame cold sauvage, riche en guitares furieuses et doté de touches électro aussi discrètes que bien utilisées. Et la maîtrise, s’agissant de « briscards » comme ces Creillois déjantés et inspirés, est de toute évidence total En outre, et c’est là une preuve de l’intérêt suscité par cet opus, le Conseil Régional de Picardie, le Conseil Général de l’Oise et la DRAC Alsace ont apporté leur concours pour les besoins de cette réapparition qui, je l’espère, durera tant ce nouvel album porte en lui de gros espoirs et la marque d’un groupe qui n’a désormais plus rien à prouver, en atteste le contenu offert ici Revenons-en donc aux morceaux en écoute, à commencer par ce « Es war » chanté en Allemand, fait d’une étoffe électro-cold/rock puissante, déterminée et porteuse d’un groove diabolique, sur lequel les frangins nous servent des voix entremêlées du meilleur effet et qui constitue une entrée en matière magistrale. Exit les plages apaisées et quasi-orchestrales de leur première ère, place maintenant à un climat nettement plus colérique, non dénuée d’une certaine sensualité. On perçoit celle-ci sur « It’ll be allright », aussi probant que le morceau d’ouverture, sur lequel elle précède un moment très cold, d’esprit punk dans le chant aussi. Avec, comme à l’accoutumée sur ce disque, des guitares tranchantes et géniale C’est ensuite la basse qui mène la danse, une danse endiablée, sur un « Rain » mécanique, au chant exaltant et qui, après un break atmosphérique bien senti, relance la machine à l’aide de ces guitares une fois de plus significatives, avant que le duo se fende d’une reprise du « Cry no more » des Poison Girls splendide, à la délicatesse électro-acoustique de toute beauté, à la fois brute et sensible, saisissant « I hope you’re fine (for A) » nous régale ensuite de sa trame électro-rock, assez ouvertement poppy, ornée de bruitages obsédants venant souligner ce chant toujours aussi plaisant, à l’aise dans tous les registres abordés, puis le côté plus symphonique de Clair Obscur pointe le bout de son nez sur « This song is for you GPO », posé et contemplatif, aussi aboutie que ce qui précède Et ce n’est pas fini ! En guise de septième titre, « Mon ami mon frère », ironique à souhait et qui s’en prend à des personnages tristement connus, remporte les suffrages non seulement de par son contenu textuel, mais aussi par le biais d’une trame musicale captivante, à la fois aérienne et massive, toujours mise en valeur par les grattes cinglantes de 842 Arrive ensuite « Blume », qui si je ne m’abuse figurait déjà sur les albums d’ « époque » et qui sert en ce sens de lien, parfaitement placé, avec ce passé lui aussi déterminant. Un morceau qui allie parfaitement ambiance sereine et touches plus sombres…une sorte de Clair-Obscur, en quelque sorte, superbe Superbe, comme le climat dérangé et grinçant qui anime « The last encounter », exercice indus-noise fulgurant auquel je ne connais guère d’équivalent, et comme cette reprise, la seconde sur cet album, du « Decades » de Joy Division. Une réinterprétation qui par sa douceur et le climat unique qu’elle véhicule, permet au titre d’origine de trouver une seconde jeunesse, et ferme superbement la marche triomphale de ce disque en tous points parfait Ferme ? Non, pas tout à fait puisqu’après un petit moment de silence, nous avons droit à un « bonus track » du même niveau que ce à quoi il fait suite. Un titre intriguant, qu’on pourrait qualifier d’électro-indus-noise digne des groupes les plus déjantés de cette mouvance, que Clair Obscur relègue d’ailleurs au second plan tant cet album offre une « portée » qui incite à une écoute exclusive Un sans fautes, et, il me faut le dire, une œuvre parfaite, au niveau de laquelle il sera, en cette année 2009, bien difficile de se hisser. http://www.clairobscur.net http://www.optical-sound.com