Cette musique je l'ai déjà connue dans une autre vie. Je branchais l'ampli à fond, la tête complètement enfouie dans le HP, les mains sur les potards et les pieds crades et nus. Je faisais des performances, des shows Noise, j'avais les cheveux bien ras. C'tait l'époque du punk et des années Post Punk. C'était l'époque de TG, Throbbing Gristle, j'étais Genesis P Orridge, j'étais Chris Carter, j'étais Peter Christopherson. Je rêvais sans cesse de Cosey Fanni Tutti. Je ne loupais jamais une de ses perfs à poil.

Glorieuse initiative de la part de l'espagnol BCore joyeux propagateur de la cause punk//HxC/indie/émo/pop depuis les années 90 et domicilié à Barcelone. Label prolifique qui fut à une époque le pendant européen du Slowdime/Dischord américain. Coups de blues ou coup de jeune, ces espagnols ont eu la bonne idée de ressortir 2 Lps/maxi de leur jeunesse : le premier maxi de Hoover et ce disque ci, le groupe succédant à Hoover.

L'allemand Sonic Piece revient avec ses vyniles cousus main et ses ambiances contemplatives à base de cordes et d'électronique. Ce disque est celui d'un musicien, violoniste, orgue, piano et basse plus quelques appartés électroniques. Musique de chambre berlinoise, onirique, c'est lent, nostalgique, profond, et pas larmoyant du tout. J'y reviens souvent pour le calme, l'espace, ce violon long, ces basses fines et larges ou ces boucles de cordes...

J'ai aimé direct son jeu. Du Han BENNINK au piano. Ce disque est un solo, tout en syncope, tout en puissance, une danse du ventre décalée, une vidéo visionnée en 60 images par seconde, un solo gavé d'énergie où le cri de liberté et l'attitude complètement libre du musicien dépassent largement le cadre du cliché du piano : c'est physique, ca transpire, c'est vivant, rentre dedans...

Trost et Cienfuegos ressortent de la crasse du temps un des mythiques premiers concerts du mythique trio du free jazz européen* . Enregistré au festival Free Music Market les 27 et 28 aout 1971 à Berlin, le coffret comprend 3 Lps, FMP 30/40/50, le tout tiré à 300, signé par Möööoossieur Bro avec le poster d'origine. Plutôt moche, comme le prix : 100 boules. Les fans sont vraiment très cons. Ca saigne. Ca saigne d'ailleurs autant que leur free jazz. Sur "element", le noir ou encore le FMP30, 'Florence Nightingale' se paie une tranche de viande des plus rougies.