NIKOS KAVVADIAS Le Quart, 1989, 277 p. éditions Climats

Tous les mythes du marin se croisent en un seul livre. Celui de ce poète grec né en Mandchourie en 1910 dont les parents reprirent la route vers l'Ile de Céphalonie. Après un rapide passage à l'école, il commence à travailler sur des navires dès 1921. Travail qui lui laisse du temps libre pour écrire des poèmes. Il devient opérateur radio et participe à la guerre en Albanie. Il meurt en 1975. Tout y est pour ce marabout (tel qu'il se nomme dans un poème de 1933 : oiseau funèbre et disgracieux) de la mer : exil, isolement, nostalgie, filles de joie dans les ports, bordels et trafics en tout genre. Il publie un seul et unique roman, en 1954, plutôt une grande nouvelle, Vardia, The Shift, traduit en Le Quart du coté franco. C'est l'inverse de Lord Jim (Joseph Conrad), l'anti'romantisme et la très dure réalité des ports, de la mer et des âmes en quart qui se souviennent de leurs temps. Tout aux tavernes et aux filles ! Un très grand roman sur l'absurdité humaine et le personnage du marin. Une Odyssée contemporaine avec des Ulysses complètement hors course sur de vieux rafiots pourris, poubelles humaines sur poubelles flottantes bientôt aux fonds de l'eau. Lieu de tant de mythes de Conrad à Genet. Vers nulle part ? En un unique ouvrage, tout est dit. (rééd 10/18).