TAPETTE FEST 3 15 & 16 juin 2007 Montbizot

TAPETTE FEST 3 15 & 16 juin 2007

On ne devrait même pas avoir à écrire une chronique du Tapette Fest… Quoi, tu n’y étais pas ? Pourquoi tu viens sur Stnt alors ? OK… tu n’étais pas forcément du côté du Mans le week-end du 15 juin. Dommage. Le Tapette (pour les initiés et les intimes), c’est pas seulement l’anti Hellfest et sa pompe à pognon ; c’est surtout l’un des seuls festivals français dans lequel on retrouve cette diversité chère à Stnt (avec aussi bien du math rock que du grind, du drone que de l’électro. Et même du bugcore, pour te dire), avec un réel esprit DIY… Un esprit DIY qui ne veut pas dire « on fait tout à l’arrache »… non, c’est plutôt le contraire : salle de qualité, son excellent (les sonorisateurs ont méchamment assuré… pas un groupe qui ait mal sonné en façade), éclairages pros, buvette aussi intarissable que peu chère, timing ultra carré (à la minute, eh ouais), distros bien fournies, cantine végétarienne, et puis cerise sur le gâteau, pas de ces services d’ordres qui sont en général là pour qu’on soit sûr qu’il y aura baston à minuit et demi… Du coup, l’ambiance était vraiment conviviale, et la musique n’était plus que le prétexte à une grande fête. Tout raconter, c’est impossible, il fallait être là. Au mieux, on pourra signaler que certains groupes ont fait l’unanimité, comme les suisses de Monno ou les hollandais de Heavy Lord. Bon, pour un rapide tour d’horizon avec des oublis comme il se doit (ben ouais, ça commence a dater) : excellente no wave chaotique d’Headwar le vendredi… Ca partait dans tous les sens : guitares stridentes, hurlements, synthé (le gars) épileptique… Le tout dans un esprit débile bien comme il faut (leur influence majeure, apparemment, c’était plutôt les Butthole Surfers). Il y avait aussi les jeunots ricains d’ANS… Comme tes chaussures sans le V. Leur thrahcore m’a eu l’air de bien refiler la pêche au public… Je ne me rappelle que très vaguement Johnny Boy et leur pop punk un chouia électro… Je me souviens juste d’un chouette son de gratte, garage, et de compos un peu trop calmes pour moi. La soirée de vendredi se finissait avec les énervés d’Extreme Cheroquee… Sorte de metal grind punkoide ou hardcorisant plutôt délirant… Avec des vocaux sacrément écorché, une mise en place nikel et de l’énergie plus qu’il n’en fallait avant d’aller au lit. Comme après quatre bons cafés bien serrés. Le lendemain, on a eu droit à pas loin de quinze groupes. Ca a commencé par Pron Flavurdik, groupe de drone metal augmenté d’une batterie et de cuivres. De très bons musiciens (techniquement irréprochables), mais la démarche, le style, m’ont semblé opportunistes (certains passages faisaient vraiment trop penser à du Sunn o))), d’autres à du Earth récent… D’autres encore étaient plus jazz, voire contemporains… Si l’idée de ce mélange de styles est intéressante, l’approche trop scolaire des dits styles m’a plus laissé une impression de collages horizontaux (bout derrière bout) que verticaux (strate sur strate),). Et puis ça m’a paru un peu long. Les palois de Danisco ont enchaîné avec un math rock dans la lignée de celui des Ruins (normal pour un duo basse batterie), mais en plus posé et plus festif. Le garage pop post lycée de Mean Streets (hit sympathique que leur « Masturbation ») était un peu décalé au milieu de cette programmation de sauvages, mais c’est le genre de choses qui font que le Tapette Fest n’est jamais chiant… Fatal Nunchaku a remis les métronomes à l’heure à coup de blasts, de breaks et de bonne humeur power violence. Les groupes qui ont joué après, je ne m’en souviens pas… parce qu’il faut manger pour vivre, et pour que les oreilles ne crèvent pas d’avoir trop avalé, prendre l’air parfois (toutes mes excuses). Dommage que je n’ai pas vu Erez Martinic, parce que ce j’ai pu entendre sur le net est terrible (il y a du synthé gras, baveux… des trucs qui donnent envie de pousser l’écoute)… Tant pis pour moi… A mon retour, c’étaient une guitare seule avec un barbu (Tamagawa) qui jouaient un drone earthien aux forts relents psychédéliques. Beaucoup de pédales, pour un très bon moment, d’autant plus savamment orchestré (sic) que Tamagawa n’a pas joué longtemps, évitant ainsi de devenir pesant. Discret, et vraiment bon. N’en déplaise à certains, Artemisia Absinthium a été une des première très grosse surprise de la journée… Free grind, ou jazzcore’n blast… Je n’en sais rien. Mais putain, qu’est-ce que c’était bon. Pas de gratte (tant mieux !), et donc de la place pour tout le monde, c-est-à-dire pour les harmoniques du sax, pour la basse, pour un crieur, et pour un batteur supersonique qui en a séché plus d’un… Un peu entre certains (vieux) groupes de Zorn et Flying Luttenbachers, mais en plus grind. Le plus surprenant chez Artemisia Absinthium, c’est qu’ils se paient même le luxe de ralentir le tempo et de développer des ambiances pesantes, et sombres… Death to Pigs… Ah, je les attendais (cf. chronique de leur split ici même) ! Et je dois avouer (à regrets) que j’ai été déçu. Sonnant merveilleusement noise sur disque, le groupe a plutôt sonné ici comme un groupe hardcore (notamment à cause de la voix) ! Trop de basse, la guitare complètement bouffée… Un son d’ensemble assez brouillon (très dur de reconnaître les morceaux), mais quand même une bonne énergie. J’espère donc avoir l’occasion de les revoir assez vite dans de meilleures conditions (qui aime bien châtie bien, hein). Juste après, c’est Heavy Lord qui a fait couler la sueur, emportant l’adhésion d’à-peu-près toute la salle… La mienne exceptée. Eh oui, je suis sans doute un des seuls à ne pas avoir accroché sur leur stoner sludge (quand je dis pas accroché, c’est gentil) : très bien fait, très propre, et très, c’est souvent trop. Trop metal dans le style aussi bien que dans l’attitude… Malgré des influences respectables (Eyehategod, Sleep, Saint Vitus, Black Sabbath), j’ai l’eu l’impression de voir un groupe genre Gojira (d’ailleurs même genre de voix auxquelles je suis allergique)… Heureusement, montait ensuite sur scène Monno. Leur musique helvético-hypnotico-pachidermique aura sans doute laissé des traces ce samedi là… vraiment de la lourdeur de haute volée, avec un sax plus proche de la gratte noise que du cuivre, des samples et des vocaux distordus, un son à la Neurosis… A voir le public littéralement en transe, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’un concert de Lightning bolt au ralenti… Excellent, et paradoxalement très loin de leur album Error (jetez un œil aux récentes prestations du groupe sur Youtube et vous comprendrez). Je me demande encore comment le sax a survécu à sa prestation… Ce qui est sûr, c’est qu’il a souffert ! Après le death grind de Disaster (et une reprise de Brutal Truth), la soirée s’est achevée dans un bal heavy metal ô combien décalé (c’est peu de le dire) mené par Metal Fire… des reprises de standards hard rock en veux-tu en voilà. Pff... C’était tellement jouissif de se retrouver là et de voir autant de punks de tous poils reprendre d’une seule voix les refrains d’Iron Maiden et de Wasp, tout en faisant la farandole évidemment. Fin de soirée littéralement surréaliste. On excusera donc volontiers les punks nihilistes d’avoir échoué dans leur tentative de faire triompher l’Ump à Montbizot (eh, oui, c’était les législatives le dimanche matin)… En même temps, ça veut aussi dire qu’on peut espérer une quatrième édition du Tapette Fest l’an prochain. http://tendresseetpassion.free.fr