Hint + La Phaze + Fragile Paris, Glaz-art -

<b>24 Mai 2002</b>Soirée sous le signe des contrastes et de la tension - on vous promet de ne vous donner aucun répit - laissez donc votre indifférence au vestiaire, vous allez étouffer si vous la gardez sur le dos; ne vous en faites pas, on vous la rendra intacte à la sortieDès l-entrée dans la salle, on vous laisse le choix: le bien-être des couleurs chaudes, des fauteuils, du fond sonore; et/ou le malaise qui se cache derrière les tableaux et diapos projetées sur les murs - sexe, fantasmes, sexe, exhibitionnisme, sexe, excès, sexe, solitude - images délibérément dérangeantes. Personnellement pas mon genre, un peu trop -art wank- gratuit à mon goût aussi, mais le ton est donné, ce soir tout est gratuit, on vous donnera plus que vous ne pouvez recevoir. Alors que la salle s’emplit peu-à-peu, voilà déjà Fragile sur scène; très minimal, pas de spectacle, Hervé Thomas seul caché derrière, trop occupé à jongler avec ses CDs et samplers pour s’inquiéter du public – quelque part, ça me gêne toujours un peu, de voir quelqu’un concentré sur ses machines dans un coin de la scène, avec un public amassé autour – heureusement dans le cas de Fragile, les projections vidéos sont là pour nous tenir compagnie, se posent comme point d’appui pour notre attention. La musique, la vidéo, le public assis devant la scène, l’atmosphère plutot relaxante pendant le set, on cherche presque à nous faire oublier que (pour la plupart) on est là pour voir Hint live – si ce n’est les gens qui continuent à entrer dans la salle, et ceux au fond qui sont plus occupés à boire et discuter sur ce qui n’est après tout pour eux qu’un fond sonore, enfin bref, toute cette odeur d’attente qui règne sur la salle. Fragile est moins froid que la plupart des actes électroniques que j’ai pu voir récemment, il y a cette douceur tout humaine, mais pas assez chaud pour complètement m’envelopper – je n’arrive pas à apprécier le set autant que je le pourrais dans d’autres circonstances, mais en même temps je n’arrive pas non plus à l’ignorer pour simplement aller attendre au fond de la salle comme tant d’autres; j’aime bien, mais je n’irais pas à mille kilomètres de chez moi pour voir Fragile – je préférerais voir Fragile ici, dans un endroit plus familier, au milieu d’un cercle de connaissances, avec un public qui n’attendrait rien d’autre que ce qu’on lui donne. On passe ensuite aux “choses sérieuses” avec Hint, les 1ers rangs se sont relevés, et tout le monde s’est rapproché. 100% White Puzzle: comme si l’atmosphère n’était pas déjà assez tendue comme ça, ils commencent avec cette merveille de montée en intensité – dommage quand même, j’ai l’impression qu’ils ont un peu raccourci la montée, il auraient pu augmenter encore la tension dans les derniers moments de retenue, mais soudain les voilà qui s’arrêtent, le public manifeste son enthousiasme, il leur en faut peu… moi je suis frustrée… ils ne vont pas me laisser tomber comme ça quand même, ils ne peuvent pas faire ça, comment pourraient-ils enchaîner avec un autre morceau de toute façon, quelques instants d’incertitude, ils jouent avec mes nerfs, combien de temps encore? Enfin l’explosion tant attendue, les guitares, puis Hervé au chant, tout devient confus, j’ai tout oublié – lui aussi je crois, il a quelque peu adapté les paroles non il me semble, qu’importe, que disait-il avant? Qu’importe, on est là ce soir. Je n’ai jamais eu la chance de voir Hint auparavant mais quelqu’un qui les a vus il y a quelques mois a cru bon de me prévenir: c’est toujours la même chose, pas changé d’un poil, autant réécouter les albums chez toi – les morceaux sont en effet très proches des versions sur les albums, mais c’est oublier tout ce qu’ils nous offrent en plus ce soir-là, plus qu’on ne peut humainement recevoir… les guitares qui tranchent à vif, le sax qui nous tourmente, et le chant (les cris?) – on oublierait facilement sur les albums qu’il y a des personnes derrière ça, mais eux n’hésitent pas à nous le rappeler – les cris d’Hervé prennent une toute autre dimension live (et au cas où je ne m’en souviendrais plus mes photos sont là pour me rappeler le chaos qui régnait aux premiers rangs lors des moments les plus violents, et notamment lorsqu’ Hervé chantait, impossible d’avoir une seule photo avec sa tête entière…) Tout au long du concert, il y a aussi cette vidéo projetée derrrière la scène, le peu que j’en vois est fascinant, parfaitement synchronisé, mais c’est trop, je ne peux focaliser mon attention sur la vidéo, il y a ce son qui m’enchaîne et m’entraîne je ne sais où, ce public autour qui est en transe, ces lumières qui m’agressent, et ces deux gars sur scène, qui jouent avec mes nerfs, et semblent y prendre plaisir! “Combien de temps vivrai-je encore?… Jusqu’à l’aube.” Ils puisent leurs morceaux dans les 2 derniers albums, pas de surprise ici… mais ils prennent soin d’alterner passages intenses, parfois très violents, et passages plus calmes, presque détendus pour certains – “Ten thousand things” en milieu de set presque perçu comme une insulte, “Beautiful Old Betty” entre “Eyes in Axis” et “The process” – peut-être pour mieux nous dérouter, peut-être pour nous épargner (et se reposer eux-mêmes), ou peut-être sans raison, parce que Hint a toujours été imprévisible – brutalité des contrastes, violence gratuite qui surgit et disparaît tour à tour de manière inattendue, “équilibre instable” de cette vie. L’atmosphère de ce soir-là est unique: la tension retenue d’un concert des Residents alliée à la fureur d’un concert de hardcore. Seule déception pour moi, les quelques mots qu’ils glissent entre les morceaux, le temps pour eux de respirer, et de nous ramener à la réalité prosaïque d’un groupe qui est venu jouer ses morceaux à un public – je m’imaginais que Hint en concert ne nous donneraient aucun moment de relâche, enchaîneraient les morceaux sans explication, sans se soucier de parler entre ou de remercier qui que ce soit – enfin bon, ils sont humains, et ces retours à la réalité sont aussi sans doute un garde-fou nécessaire quand on voit comment le public peut se laisser emporter le temps d’un morceau. Après Hint, la Phaze – honnêtement, je ne peux rien en dire, après Hint je ne peux surtout pas voir autre chose, alors j’ai déjà récupéré mon indifférence au vestiaire de peur de prendre froid; un tour sur la terrasse, le stand de merchandise, quelques mots ici et là, temps d’aller prendre le métro, la vie dehors ne s’est pas arrêtée le temps du concert, du moins à ce qu’il paraît http://membres.lycos.fr/beju/hint.html