21 Août 2011

siditoureSidi TOURE ("Sahel Folk" thrill jokey) est malien d'origine (1959). Comme souvent en Afrique il a lui même entièrement conçu sa première guitare. C'est la tradition et c'est aussi çà le vrai Do It Yourself... Pauvre de chez pauvre. D'expérience, avec un bout d'aluminium, on te répare un carbu de deuxch' en moins de deux. J'hallucine. Issu d'une famille de griots, sorte de transmetteur de culture orale dont seuls les hommes apprenaient un instrument, SIDI TOURE joue un blues folk « terre battue » (« Songhaï») hanté par ses influences et ses pères (ALI FARKA TOURE). Et comme tout malien qui se respecte, il recherche le blues pluvieux à base de mélodies repues de soleil. Du blues versant acoustique qui ne cherche pas le lyrisme flamboyant et qui possède en son sein des histoires de violence surannées et d'altruisme tout africain (la généralité est toujours fausse...). Thrill Jockey a créé depuis quelques temps une division Afrique, et roule d'une manière ouverte et libre dans toutes les influences du continent. Blues Folk du Mali / Guinée, Sénégal, Funk Ethno dansant chantant pour tout ce qui touche au Nigéria (cf la dernière sortie en date), rumba du congo... etc... Les compilations world sortent chez LECLERC (SoundWay etc...) , initiées par le succès évident de la collection des « Ethiopiques » (bien vue toubab...). Et à l'instar du producteur Francis FALSETO (que beaucoup déteste...) avec ses éthiopiques, certains labels voient la manne financière à se faire d'un œil euh tout baveux... A l'instar des disques pop (Pixies New order, Joy division, etc...) vendus à prix prohibitif, les rééditions vinyles des anciens LP africains sont à la mode et le monde de la musique s'ouvre à l'ère du dépaysement. Les bronzés en vacances. Une bonne question est de se demander pourquoi. Toujours pourquoi. Même les punks, aujourd'hui vieux consommateurs, s'y mettent. Je ne suis pas le dernier à en profiter. Initié par l'énorme et géniale collection OCORA de Radio France, et à force de traîner dans les trocantes lorientaise à l'époque où STNT trainait sa petite jambe dans le MORBIHAN (le « Cinq Six » Mab')(15 ans déjà...), voir tout ca arrivé comme ca, ca me pose quelques questions. Surtout pour toutes ces rééditions...  A noter la très jolie pochette de Amélie GROSSELIN qui n'est autre que la guitariste du nantais FORDAMAGE.

Sidi Touré with Jambala Maïga - "Taray Kongo" from Thrill Jockey Records on Vimeo.

 

En parlant du Mali et de labels habitués aux musiques d'outre Méditerranée, l'allemand GLITTERHOUSE n'est pas en reste et dans le style bluesy nostalgique comme a pu le faire SIDI TOURE, LOBI TRAORE ("rainy season blues") vaut son pesant de cacahuètes. Sorti en 2010, ce disque a ce côté sombre que celui de SIDI TOURE n'a pas. Le soleil est parti, c'est la saison des pluies. Et il a tellement plu que LOBI TRAORE s'en est lui aussi allé. Mort. Dead. Töt. Pour de vrai. En juin 2010. Subitement. Le style bluesy a une direction plus rude, plus noire, le disque a été enregistré d'un jet, sans overdub, juste lui et sa guitare. Initié au blues de John Lee Hooker et de truc plus occidentaux (ACDC...), il a rapidement fait son trou (sic) dans le paysage malien. Une guitare acoustique et une bonne voix très européenne du coup. Le disque est une véritable réussite et reste un de mes favoris dans le style.